Bandeau
Éducation à la Défense et à la Sécurité nationale
Site non officiel
Descriptif du site
Le raid Doolittle (1942)
Article mis en ligne le 3 mai 2017
dernière modification le 2 avril 2021

par Nghia NGUYEN

Un B-25 Mitchell décolle du USS Hornet CV-8 le 18 avril 1942

 

La guerre se mène aussi avec des symboles, et ces derniers revêtent une dimension d’autant plus sensible que la période est sombre. Le premier bombardement britannique sur Berlin (25 août 1940) ainsi que les coups portés par les premières unités commandos avaient eu notamment pour objectif de redonner le moral aux forces armées anglaises ainsi qu’à la population. Le raid du Lieutenant-colonel James Harold DOOLITTLE (1896-1993) opéré au-dessus de Tôkyo, le 18 avril 1942, rechercha un objectif similaire pour les États-Unis.

Stratégiquement sur la défensive depuis l’attaque de Pearl Harbor, les Américains ressentaient la nécessité d’une action symbolique susceptible de galvaniser les énergies d’une nation qui entrait alors en guerre. Au même titre que le premier bombardement de Berlin à l’été 1940, ce symbole ne pouvait provenir que d’un bombardement inattendu de la capitale japonaise. L’absence de bases navales à proximité de l’archipel japonais, l’inexistence de bombardiers capables de traverser l’océan Pacifique, les victoires de l’armée impériale, confortaient cependant les stratèges nippons dans l’idée que le Japon était hors d’atteinte des frappes américaines. Unissant leurs efforts, l’US Army Air Force (USAAF) et l’US Navy s’attachèrent à démentir cette confiance en organisant un raid particulièrement audacieux, qui reste, encore de nos jours, dans les annales de l’histoire de l’aviation militaire.

Élaborée par un officier de l’Armée de l’Air américaine (1) - le L/C DOOLITTLE - l’opération s’avéra d’emblée difficile au plan technique. Il fallait amener à proximité du Japon, et en toute discrétion, une escadrille de bombardiers capables de décoller à partir d’un porte-avions. Le choix se porta sur un bombardier moyen d’un poids de 9 tonnes à vide : le B-25 Mitchell. Celui-ci était capable d’emporter 10 tonnes de bombes mais la spécificité de la mission DOOLITTLE allait le mettre à rude épreuve. En effet, le raid comportait 16 bombardiers B-25 qu’il fallait entasser sur le pont d’un porte-avions, en l’occurrence le USS Hornet CV-8. Chaque bombardier mesurait 16,5 m de long pour une envergure de 20,5 m, ce qui était énorme pour un porte-avions ne disposant que d’une piste droite de 252 m de long… La difficulté majeure était de faire décoller de tels avions sur un espace aussi étroit et sur une distance aussi courte.

Ensuite, il fallait que les 16 appareils – qui n’auraient pu revenir apponter sur le Hornet – puissent disposer de suffisamment de carburant pour pouvoir rejoindre la Chine. Tout ceci ne fut possible qu’avec un entraînement particulièrement intensif des pilotes, et un allégement maximal des bombardiers. Des équipements de bord furent ainsi démontés, une seule tonne de bombes (ce qui est peu) fut emportée et des réservoirs auxiliaires furent installés. Encore de nos jours, une mission aérienne reste un compromis rigoureux entre la charge de carburant, d’armement et d’équipements spécifiques. Un même appareil ne sera pas configuré de la même manière selon qu’il soit affecté à une mission d’interception, de soutien au sol, ou de reconnaissance.

Escorté par un autre porte-avions – le USS Enterprise CV-6 et sa task force (2) – le USS Hornet appareilla le 2 avril 1942. Le raid fut lancé le matin du 18 avril, peu après la destruction d’un navire de pêche japonais, le Nitto Maru, qui aurait pu détecter et compromettre la mission. Le bombardement de Tôkyo eut lieu quelques heures plus tard. Il ne dura que quelques minutes, fit peu de dégâts, mais frappa les imaginations comme cela était voulu par les Américains. Il n’y eut aucun gain tactique, qui plus est 15 B-25 furent perdus, 3 membres d’équipage furent tués et 8 autres capturés (dont 3 furent exécutés). En revanche, le bombardement de la capitale japonaise obtint l’effet symbolique escompté : elle piqua au vif les Japonais persuadés qu’ils étaient d’être à l’abri de toute attaque après une série ininterrompue de victoires sur les alliés. Grands absents lors de la destruction de la flotte américaine du Pacifique le 7 décembre 1941 à Pearl Harbor, les porte-avions américains et leur élimination devenaient désormais l’objectif prioritaire de la Marine impériale japonaise.

  1. Cf. La présence du terme « Army » indique qu’à l’origine l’Armée de l’Air américaine a d’abord dépendu de l’Armée de Terre. Ce n’est qu’à la veille de la Deuxième Guerre mondiale qu’elle s’émancipe de l’US Army pour constituer une Arme à part entière. En 1945, l’évolution sera totalement achevée, mais l’ampleur des combats aéronavals dans le Pacifique soulèvera une rivalité existentielle vis-à-vis de la Marine.
  2. Cf. Pour cette mission le USS Hornet, qui devait laisser à terre ses chasseurs, n’était plus protégé. Il fallait par ailleurs être capable de se débarrasser de bateaux japonais susceptibles, aux approches de l’archipel, de donner la position du groupe de combat américain.

__________

Bibliographie

  • BERNARD (Nicolas), La guerre du Pacifique 1941-1945, Paris, Tallandier, 2016, 810 p.
  • SCOTT (James M.), Target Tokyo. Jimmy Doolittle and the raid that avenged Pearl Harbor, WW Norton & Co, 2016, 672 p.


En passant par l’Histoire

Sites favoris



IHEDN


Garde nationale


CAJ


ASAF


Syndicat de la Famille


CAJ


Fondation pour l'École


Espérance banlieues

Espérance ruralités


Cap Jeunesse


pucePlan du site puceContact puce

RSS

2016-2024 © Éducation à la Défense et à la Sécurité nationale - Tous droits réservés
Site réalisé sous SPIP
avec le squelette ESCAL-V3
Version : 3.87.60