Telle qu’elle est enseignée de nos jours à l’École, l’Éducation à la Défense ne pose pas – si ce n’est de manière vide ou orientée - la question pourtant centrale de l’Esprit de défense à savoir que défendons-nous réellement et que voulons-nous défendre ?
L’Histoire - et l’actualité encore aujourd’hui - montrent que la force armée technologiquement la plus performante n’est pas assurée de remporter un conflit si la société dont elle est issue ne perçoit plus l’idée de transcendance. En première instance, la guerre n’est donc pas en soi une affaire d’armement - ou si peu - mais d’esprit et de volonté, et nous garderons à ce sujet la vérité grecque (et universelle) selon laquelle : « Ce ne sont pas les murailles mais les hommes qui défendent la Cité... »
Connaissant cela, les questions abordant l’évolution et l’avenir du régime politique dans lequel nous vivons, les questions économiques comme celles dites « sociétales » qui interrogent directement nos fondements anthropologiques, sont directement liées à une réflexion sur l’Esprit de défense. Dans cette perspective, on s’intéressera à la publication du livre Le peuple contre la démocratie de Yascha MOUNK.
Universitaire et politologue, Yascha MOUNK (36 ans) enseigne à Harvard. Son essai The People vs. Democracy, écrit au lendemain de l’élection de Donald TRUMP, a rencontré un grand succès aux États-Unis. Publié dans la foulée en France, on y découvrira une analyse particulièrement étayée du phénomène appelé « populisme ».
Reprenant les grands thèmes qui font aussi l’actualité quotidienne de ce côté de l’Atlantique – la dérive juridique et technocratique de la politique, la défiance vis-à-vis des médias traditionnels, le choc migratoire, les limites de la croissance économique... – M. MOUNK explique la crise contemporaine de la démocratie libérale, qui mine de fait l’ensemble de l’Occident. Parmi les idées les plus intéressantes, on relèvera que le modèle de la démocratie libérale n’est pas une réalité immuable ; que la démocratie n’est pas forcément de nature libérale ; que le libéralisme n’accompagne pas forcément l’idée démocratique voire qu’il peut s’y opposer fondamentalement ; que le populisme - diabolisé par principe par les élites et les médias - s’explique en toute logique devant les dérives de la démocratie, du libéralisme économique et de la mondialisation.
D’une certaine manière c’est ce qui est enseigné à l’École de la République comme une vérité à ne pas remettre en question – le paradigme de la démocratie libérale, le « vivre-ensemble », le multiculturalisme et le droit des minorités, l’Union européenne comme étant le sens de l’Histoire... -, qui se trouve remis en question par une étude honnête et fouillée ainsi qu’une réflexion roborative nonobstant les convictions libérales de l’auteur.
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