C’est à un capitaine du Génie – Claude Joseph ROUGET de LISLE (1760-1836) alors en garnison à Strasbourg – que l’on doit la composition le 26 avril 1792 d’un chant d’abord destiné aux soldats de l’Armée du Rhin. Cette composition musicale se réalise dans le contexte d’exaltation que fait naître la déclaration de guerre entre la France révolutionnaire et la première coalition. Le texte de ROUGET de LISLE correspond aux six premiers couplets auxquels sera ajouté ultérieurement un septième couplet dit « couplet des enfants » dont l’auteur nous est inconnu. Le chant est un appel patriotique qui se veut aussi un hymne à la liberté et contre la « tyrannie ». Sa popularité, notamment dans le contexte de la mobilisation à Marseille, en fait le « Chant national » par décret de la Convention le 14 juillet 1795 sous le titre de « Marseillaise ». Cependant, la Marseillaise ne s’impose pas naturellement dans le répertoire national, et elle subit des éclipses sous l’Empire et la Restauration. C’est finalement la IIIe République qui impose La Marseillaise comme hymne national le 14 février 1879.
HYMNE NATIONAL
Allons enfants de la Patrie,
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de la tyrannie !
L’étendard sanglant est levé
L’étendard sanglant est levé
Entendez-vous dans nos campagnes
Mugir ces féroces soldats ?
Ils viennent jusque dans vos bras.
Egorger vos fils, vos compagnes !
Aux armes citoyens,
Formez vos bataillons
Marchons, marchons (1)
Qu’un sang impur
Abreuve nos sillons
Que veut cette horde d’esclaves,
De traîtres, de rois conjurés ?
Pour qui ces ignobles entraves
Ces fers dès longtemps préparés ?
Ces fers dès longtemps préparés ?
Français, pour nous, ah ! quel outrage
Quels transports il doit exciter ?
C’est nous qu’on ose méditer
De rendre à l’antique esclavage !
Quoi ces cohortes étrangères !
Feraient la loi dans nos foyers !
Quoi ! ces phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fils guerriers !
Terrasseraient nos fils guerriers !
Grand Dieu ! par des mains enchaînées
Nos fronts sous le joug se ploieraient
De vils despotes deviendraient
Les maîtres des destinées.
Tremblez, tyrans et vous perfides
L’opprobre de tous les partis,
Tremblez ! vos projets parricides
Vont enfin recevoir leurs prix !
Vont enfin recevoir leurs prix !
Tout est soldat pour vous combattre,
S’ils tombent, nos jeunes héros,
La terre en produit de nouveaux,
Contre vous tout prêts à se battre
Français, en guerriers magnanimes
Portez ou retenez vos coups !
Épargnez ces tristes victimes,
A regret s’armant contre nous
A regret s’armant contre nous
Mais ces despotes sanguinaires,
Mais ces complices de Bouillé,
Tous ces tigres qui, sans pitié,
Déchirent le sein de leur mère !
Amour sacré de la Patrie,
Conduis, soutiens nos bras vengeurs
Liberté, Liberté chérie
Combats avec tes défenseurs !
Combats avec tes défenseurs !
Sous nos drapeaux, que la victoire
Accoure à tes mâles accents
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire !
Nous entrerons dans la carrière (2)
Quand nos aînés n’y seront plus,
Nous y trouverons leur poussière
Et la trace de leurs vertus
Et la trace de leurs vertus
Bien moins jaloux de leur survivre
Que de partager leur cercueil,
Nous aurons le sublime orgueil
De les venger ou de les suivre !
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