Saint-Cyrien de la promotion Montcalm (1980/1982), le Général Éric BONNEMAISON a commandé les Écoles de Coëtquidan de 2009 à 2012. Bien plus que la reconnaissance d’une valeur professionnelle qui ne pouvait que le prédisposer à la formation des officiers de l’Armée de Terre, ce retour au bercail - après une riche carrière partagée entre le monde opérationnel et le monde diplomatique - est aussi une consécration pour cet officier intellectuel et écrivain, qui n’a jamais cessé de réfléchir sur la condition militaire et le rapport de l’homme à la guerre et à la violence.
Cavalier et marsouin de formation, Éric BONNEMAISON connaît bien l’Afrique où il a d’abord participé à l’opération Manta au Tchad (1985/1986) comme lieutenant. Chef de bataillon il a été ensuite engagé dans des opérations à Djibouti et en Somalie. Dans le cadre de la coopération, il a été coordinateur géographique pour l’Afrique centrale avant de devenir adjoint militaire de l’Ambassadeur pour le renforcement des capacités africaines de maintien de la paix. Cette connaissance approfondie des réalités du continent africain le conduira en 1999 au poste de représentant français auprès du Centre d’Études Stratégique de l’Afrique à Washington DC. En 2005, il devient le chef de la cellule Afrique/Moyen-Orient au cabinet du Ministre de la Défense.
Entre-temps, Éric BONNEMAISON sera breveté de deux académies militaires américaines : le Command and General Staff College et l’Armed Forces Staff College (1995/1996), avant d’exercer deux grands commandements au RICM (2002) et à la 9e BLBMa (2007).
C’est donc à un officier riche d’expériences et de connaissances qu’est confiée la formation des élèves-officiers de Coëtquidan à partir de 2009. L’année suivante, il publie un livre remarquable qu’il destine aux futurs officiers de l’Armée de Terre (1). Dans cet ouvrage bien écrit, qui tutoie le futur candidat à l’engagement pour finir par s’adresser au jeune officier, l’auteur enlève le lecteur dès les premières pages. Pourquoi ? La réflexion du général est philosophique tout en restant très concrète. Elle se nourrit d’une expérience de terrain qui éclaire et donne un sens au mot « action ». La grande valeur du propos réside, en effet, en ce qu’il cherche à donner un sens à l’engagement et à la mission du militaire d’aujourd’hui. Cette recherche l’amène à une conclusion d’humanité où, plus que jamais dans les conflits asymétriques d’aujourd’hui, la place des hommes - dont l’officier est amené à exposer la vie - reste centrale.
Quand on lit le Général BONNEMAISON on comprend tout ce que recouvre la grande École du Commandement. Une école dont les enseignements dépassent de loin le monde des seules forces armées, même si c’est en leur sein que l’expérience de ce commandement restera toujours unique. On comprend aussi combien la Défense de la Nation reste tournée vers des valeurs de vie non de mort ; combien l’officier français d’aujourd’hui est à mille lieues du stéréotype de la brute sans âme. Car de l’exercice de l’autorité à l’esprit de responsabilité en passant par l’exemplarité et la solicitude, l’auteur nous décrit le métier des armes comme un métier d’âme et de vertus peu communes. Un métier de coeur aussi appelé « vocation ».
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