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La bataille d’Austerlitz (1805)
Article mis en ligne le 17 novembre 2017
dernière modification le 3 novembre 2022

par Nghia NGUYEN

Le célèbre tableau de François GÉRARD (1810) immortalisant la bataille d’Austerlitz se trouve dans le château de Versailles

 

La bataille d’Austerlitz est l’aboutissement d’une campagne particulièrement fulgurante, qui vit Napoléon Ier opérer un basculement stratégique d’ouest en est en quelques mois seulement. Faute de moyens navals suffisants et suite à la défaite de Trafalgar (21 octobre 1805), l’Empereur renonce à un débarquement en Angleterre et se retourne contre les Autrichiens et les Russes sur le front terrestre cette fois. Ces derniers, poussés par une Grande-Bretagne irréductiblement anti-révolutionnaire et anti-napoléonienne, viennent d’ouvrir une Troisième coalition. En dépit de premiers combats favorables aux armes françaises (victoire d’Ulm, 15-20 octobre, et prise de Vienne le 14 novembre), l’armée austro-russe reste entière et menaçante.

Usant de multiples feintes, Napoléon cherche à provoquer une confrontation décisive en Moravie, non loin du bourg d’Austerlitz, autour du plateau de Pratzen. Position élevée et forte, celui-ci est défini comme le centre de gravité de la prochaine bataille. Les ruses de Napoléon amènent, en effet, les coalisés à entreprendre une manoeuvre fatale à savoir une progression plein sud afin de couper la route de Vienne aux Français. Le commandement austro-russe (1), persuadé de la faiblesse stratégique de la situation française, surestimant l’infériorité numérique de l’ennemi, est convaincu que Napoléon cherchera à se réfugier dans Vienne. En barrant la route de la capitale du Saint-Empire à celui-ci, il espère pouvoir tourner les forces françaises sur leurs arrières. Ce plan est mis en oeuvre le 2 décembre à l’aube.

C’est le Maréchal Louis-Nicolas DAVOUT (1770-1823) qui, avec des forces numériquement inférieures, affronte le choc principal au sud du dispositif français. Sur le point de lâcher, il permet cependant à Napoléon de lancer son attaque décisive sur le plateau de Pratzen. Celle-ci se développe sur un axe ouest-est et vient percuter une armée austro-russe étirée dans une direction nord-sud. Le flanc austro-russe est enfoncé, et la situation des Russes - qui soutiennent le choc le plus violent - devient rapidement intenable.

 

Carte réalisée par le Département d’Histoire de l’Académie militaire des États-Unis

 

La manoeuvre et l’initiative de la bataille ont désormais changé de camp. Tel un poing déjà serré et prêt à frapper, l’Armée française impose l’une des pires situations tactiques à ses adversaires. En pleine progression vers le sud, les coalisés ne peuvent exploiter leur supériorité en hommes et en artillerie et, pire que tout, ne peuvent opérer un mouvement de conversion de leurs forces du sud vers le nord où désormais se trouve le vrai centre de la bataille. Rejetée du plateau de Pratzen – où s’installe rapidement l’artillerie française -, l’armée coalisée est coupée en deux. Menacés d’encerclement 20 000 soldats russes lâchent pied et fuient en désordre vers l’est, à travers une zone marécageuse où beaucoup périssent sous les tirs des canons français.

Victoire écrasante et stratégique qui met un terme à la Troisième coalition (2) nonobstant la victoire anglaise de Trafalgar, la bataille d’Austerlitz illustre le génie tactique de Napoléon. Ayant prévu les mouvements de ses ennemis sur un terrain qu’il avait lui-même choisi, l’Empereur est alors au sommet de son art militaire. Symbole de la gloire militaire du Ier Empire, la bataille d’Austerlitz est encore de nos jours enseignée en son principe dans de nombreuses académies militaires. Au cœur de Paris, une gare ainsi que la colonne Vendôme, érigée sur le modèle de la colonne trajane et fondue dans le bronze de 130 canons austro-russes, rappellent l’événement.

  1. Cf. Les empereurs Alexandre Ier de Russie (1777-1825), François II (1768-1835), le Prince Pierre de BAGRATION (1765-1812) et les généraux Mikhaïl KOUTOUZOV (1745-1813) et Franz von WEYROTHER (1755-1806).
  2. Cf. Plus que la fin de la guerre, la victoire d’Austerlitz permet à la France d’imposer le Traité de Presbourg (26 décembre 1805), qui réorganise profondément la géopolitique européenne en faisant disparaître le Saint-Empire romain germanique.

__________

Bibliographie

  • GARNIER (Jacques), Austerlitz 2 décembre 1805, Fayard, 2005, 457 p.
  • MIQUEL (Pierre), Austerlitz. La bataille des trois empereurs, Albin Michel, 2005, 464 p.

Grenadier à cheval

 

 

  • Le canon de 12 livres est fabriqué dès le XVIIe siècle. Il est perfectionné par Jean-Baptiste de GRIBEAUVAL (1715-1789) puis par Napoléon lui-même. Le premier en améliore la mobilité et l’entretien ; le second l’allège. Emblématique des guerres de la Révolution et de l’Empire, il reste jusqu’au milieu du XIXe siècle, la pièce d’artillerie de campagne la plus lourde sur les champs de bataille européens.

 

Austerlitz

Interprétation musicale réalisée par la Musique principale de l’Armée de Terre au profit de la « Promotion du bicentenaire » de l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr (2004)

 


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