Origine et finalité
Par décret du 26 avril 1933, Hermann GOERING (1893-1946) créait la Geheime Staatspolizei - plus connue sous la forme de son adresse postale GESTAPO -, qui allait bientôt devenir en Allemagne, mais aussi dans toute l’Europe, le symbole de l’État policier nazi. Geheime Staatspolizei signifie « police secrète », l’adjectif « secrète » pouvant aussi être traduit par « privé ». De fait, la GESTAPO fut, dès ses origines, une police spécifiquement politique (et non criminelle) au service du parti national-socialiste, si ce n’est au service de son seul maître.
En charge de la traque et de l’élimination de tous les opposants au régime nazi, la GESTAPO élargira son champ d’action durant la guerre en participant directement à la Solution finale. L’Amt IV B 4 - sous la direction du SS-Obersturmbannführer Adolf EICHMANN (1906-1962) - en charge de la traque des Juifs dans toute l’Europe occupée, de leur arrestation et de leur acheminement en Pologne, était un service de la GESTAPO à part entière.
Intégration à la SS
En 1933, la création de la GESTAPO ne concernait que l’État et la police les plus importants d’Allemagne : la Prusse. Son premier directeur fut Rudolf DIELS (1900-1957), un protégé de GOERING qui fit rapidement les frais de la rivalité entre ce dernier et le puissant chef de la SS, Heinrich HIMMLER (1900-1945). À partir d’avril 1934, la GESTAPO entre dans l’orbite de la SS et installe son siège au 8 Prinz-Albrecht Strasse à Berlin. À partir de cette date, le Reichsführer-SS HIMMLER devait faire de la GESTAPO l’instrument d’une répression impitoyable et de la plus redoutable efficacité. Étendant désormais son champ d’action à l’ensemble de l’Allemagne, il l’organise selon le modèle de la SS, et l’intègre au sein de l’Office central de la sécurité du Reich (Reichssicherheitshauptamt ou RSHA). Cette intégration est d’importance, car le RSHA va permettre l’unification de l’ensemble des polices allemandes aux côtés de la GESTAPO : KRIPO (Kriminalpolizei), ORPO (Ordnungspolizei), SIPO (Sicherheitspolizei).
Reinhard HEYDRICH à son bureau
Le RSHA - dont la GESTAPO est l’un des sept départements (Amt IV) - est dirigé par le SS-Obergruppenführer Reinhard HEYDRICH (1904-1942), un homme aussi intelligent que froid et dénué de tout sens moral. Placée sous le commandement du SS-Gruppenführer Heinrich MÜLLER (1900-1945), subordonné direct de HEYDRICH, la GESTAPO reçoit pour missions d’éliminer toute opposition politique en Allemagne et dans les territoires occupés, de s’occuper de la « Question juive » (1), d’assurer le contre-espionnage et la police des frontières. HEYDRICH était donc à la tête d’un immense empire policier, que ses talents d’organisateur rendirent redoutable à tous les ennemis réels et supposés du Reich nazi. Éliminé par la résistance tchèque en mai 1942, il fut remplacé par le SS-Obergruppenführer Ernst KALTENBRUNNER (1903-1946) qui, sans égaler son intelligence, hérita de ce terrible instrument de répression.
Symbole de la terreur absolue qu’un État peut imposer à sa (aux) population(s), la GESTAPO a permis la « mise au pas » (Gleichschaltung) rapide de la société allemande, ainsi que l’instauration d’une répression suffisamment efficace pour empêcher toute résistance – hormis de rares exceptions – jusqu’à la fin de la guerre. Surtout, son nom est resté synonyme dans toute l’Europe d’arrestations, de disparitions, de tortures et de meurtres pour des millions de personnes de 1939 à 1944.
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Bibliographie