Médine - de son vrai nom Médine ZAOUICHE - est un rappeur franco-algérien né en 1983 au Havre. Sa production aborde des thèmes engagés : le colonialisme, les guerres d’Algérie, du Vietnam et d’Irak, l’affrontement israélo-palestinien, les attentats du 11 septembre 2001, le racisme, le djihad... On y trouvera une orientation communautariste anti-républicaine et anti-occidentale.
En juin 2018, le rappeur décide de choisir le théâtre du Bataclan comme lieu de ses prochains concerts ; ceux-ci étant programmés pour les 19 et 20 octobre. Ce choix heurte nombre de personnes, toutes sensibilités politiques confondues, à commencer par les familles des victimes de la plus grande tuerie de masse islamiste perpétrée en France. En effet, beaucoup perçoivent dans les textes de Médine - non sans raison - l’apologie de l’Islam dans ce qu’il a de fondamentalement violent, intolérant et conquérant.
L’une des chansons les plus emblématiques de Médine - « Don’t Laïk » - a ainsi été écrite en 2015. Le portrait d’une immigration non intégrée - pour ne pas dire inassimilable - se tournant vers un Islam identitaire faisant le lit du Salafisme dans nos banlieues y est particulièrement mis en évidence.
Du point de vue de la France, la chanson de celui qui se présente comme l’ "islamo-caillera" renvoie cependant à une réalité plus profonde à savoir la symbiose entre une société qui n’aura jamais été autant individualiste, consumériste et atomisée, et une laïcité idéologiquement pervertie ("les laïcards"). Le discours du rappeur ne fait qu’illustrer cette association dont le résultat est un assèchement intérieur, que d’aucuns décriraient comme un vide spirituel : celui de nos projets hédonistes, de notre société, de l’Occident. « Ils n’ont ni Dieu ni maître à part Maître Kanter... »
Car cet Islam identitaire - dont l’un des chemins conduit sans aucun doute à la radicalité salafiste et au djihad assassin - est aussi une réaction d’hommes et de femmes qui ne sont plus nourris en leur cœur ni en leur âme par les valeurs que leur propose notre société. La surabondance matérielle accompagnant l’oubli de la transcendance ne pourront jamais tracer un horizon. Cette réaction pose donc la question de notre modèle anthropologique et de sa finalité, et met cruellement en perspective la fuite en avant de ceux qui n’ont que la rhétorique du « vivre-ensemble » et la logorrhée des « valeurs républicaines » à proposer.
Là se trouve très certainement l’intérêt profond de la chanson de Médine, dont le tranchant du texte et les mots inquiétants interrogent en creux ce que nous avons aujourd’hui à défendre véritablement dans notre société.