L’accusation de manichéisme, souvent portée à l’encontre de la culture et des mentalités étasuniennes, trouvera un puissant écho dans l’analyse que Pierre CONESA développe dans son dernier ouvrage : Hollywar (1). L’auteur démontre en quoi le cinéma hollywoodien soutient une vision américaine des conflits, et participe puissamment à l’élaboration d’une histoire normative, qu’il substitue en fait à un véritable « récit national ».
Certes, la critique n’est ni nouvelle ni originale (2) et l’on se souviendra, par exemple, d’une soirée thématique diffusée par la chaîne Arte dont le sujet était déjà évocateur : "Hollywood et le Pentagone" (3). M. CONESA – déjà connu pour La fabrication de l’ennemi ou comment tuer avec sa conscience pour soi (2011) – s’impose comme un véritable spécialiste des représentations cinématographiques en géopolitique. Mettant en exergue les relations entre le cinéma et l’Histoire - entre le cinéma et la construction des identités collectives -, il s’interroge également sur ce qui fabrique les opinions publiques. À travers son propos, Hollywood apparaît plus que jamais comme une véritable "force de frappe immatérielle" dont l’efficacité est d’autant plus grande que sa narration cinématographique est coupée des réalités du monde. Pour cela, il s’est appuyé sur un corpus de plus de 3000 films, allant jusqu’à compter le nombre de morts dans certains scenarii.
Agrégé d’Histoire, ancien haut fonctionnaire du MINARM, versé depuis de nombreuses années dans les questions internationales et d’intelligence économique, Pierre CONESA est également maître de conférences à Sciences Po et à l’ENA.
La Grande table d’Olivia GESBERT. Émission du mercredi 13 juin 2018.
__________