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Éducation à la Défense et à la Sécurité nationale
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Le 14 juillet
Article mis en ligne le 14 juillet 2018
dernière modification le 9 juillet 2022

par Nghia NGUYEN

 

Défilé de la Garde républicaine

 

L’émergence d’une fête nationale

L’idée de célébrer l’unité de la Nation par l’institution d’un jour de fête nationale est assez récente à l’échelle historique. En Europe, elle remonte au XIXe siècle qui fut le siècle des révolutions, de l’affirmation des nationalités ; celui des États-nations et des nationalismes.

En France, la date du 14 juillet comme fête nationale pourrait sembler consensuelle de nos jours. Son choix a pourtant mis du temps à s’imposer, et n’avait rien d’une « évidence » historique. D’aucuns y prêtent encore pour origine ce jour de l’année 1789 où la foule parisienne prit d’assaut la forteresse de la Bastille, mettant un terme à la monarchie absolue et marquant le point de départ de la Révolution française. C’est oublier que cette dernière fut aussi une période de guerre civile, de profondes divisions politiques, de dérives tyranniques et de violences extrêmes.

Or, une fête nationale est avant tout un symbole d’unité et de légitimité politiques que la Révolution, marquée de la pierre du 14 juillet 1789, n’aurait pu cristalliser à elle seule. De fait, durant tout le XIXe siècle ce symbole se cherche à travers la concurrence impériale de la Saint-Napoléon (1) ainsi qu’à travers de vifs débats reflétant les fractures d’une France monarchiste et républicaine, conservatrice et révolutionnaire, chrétienne et anticléricale.

La date du 14 juillet a donc été pendant longtemps écartée, voire oubliée du fait des troubles révolutionnaires, des guerres civile et étrangère ainsi que de l’instabilité politique qu’elle avait provoqués et qu’elle rappelait encore tout au long du XIXe siècle. C’est la défaite de 1870 face à la Prusse, suivie de l’effondrement du Second Empire, qui vont faire naître un puissant nationalisme ainsi qu’un élan patriotique dont l’institution de la fête nationale du 14 juillet sera l’une des expressions les plus marquantes.

Née sur les décombres du Second Empire, la IIIe République éprouve d’emblée la nécessité d’une légitimation et d’une consolidation. L’institution du 14 juillet comme fête nationale annuelle par décret du 21 mai 1880 (2) procède de cette nécessité pour la jeune république opportuniste, au même titre que l’adoption – le 14 février 1879 – de La Marseillaise comme hymne national. Le 14 juillet que choisit la IIIe République ne correspond cependant pas au 14 juillet 1789, symbole de la remise en cause de l’autorité et de la naissance de profondes fractures entre Français. La nouvelle fête nationale fait davantage référence à la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790. Ce jour-là, un an après la prise de la Bastille, l’unité et la réconciliation de la Nation française sont célébrées en présence des représentants des 83 départements, d’une foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes et du Roi Louis XVI (1754-1793) qui, pour l’occasion, jure fidélité à la Constitution.

 

Défilé du 14 juillet 1913 sur l’hippodrome de Longchamp

 

Une importante parade militaire

Symbole d’unité et de fraternité sous l’égide républicaine, le 14 juillet est donc la fête nationale à partir de la fin du XIXe siècle. Férié et chômé, le jour devient une manifestation festive apaisée au fil du temps, marqué par des bals populaires et des feux d’artifices, et accepté par l’ensemble de la société. Surtout, le 14 juillet est le jour de l’année où les forces armées défilent devant les représentants de la Nation. Dès les origines, la fête nationale française fait corps avec la tradition militaire nonobstant des opinions marginales.

C’est le contexte historique qui explique cette intégration, ce dès la première manifestation officielle : le 14 juillet 1880 sur l’hippodrome de Longchamp. À cette occasion, le Président Jules GRÉVY (1807-1891) remet aux nouvelles unités, reconstituées au lendemain de la défaite contre la Prusse, leur drapeau. La fête nationale du 14 juillet a d’abord été placée sous le signe d’une renaissance patriotique et militaire face au Reich allemand.

Les premières parades militaires se sont d’abord tenues sur l’hippodrome de Longchamp à une époque où une grande partie de l’Armée était encore montée et hippomobile. Par la suite, les défilés se sont déplacés à Vincennes puis dans Paris - entre les places de la Bastille et de la République, devant l’École militaire… -, exceptionnellement sur les Champs-Élysées durant les années de guerre. C’est en 1980, qu’ils se fixent durablement sur les Champs-Élysées, partant de la Place de l’Étoile pour déboucher sur la Place de la Concorde où les unités se scindent en deux (3) de part et d’autre de la tribune présidentielle.

Aujourd’hui, la parade du 14 juillet est l’un des plus grands défilés militaires au monde avec celui de l’Armée russe sur la Place Rouge le 9 mai ; les manifestations militaires chinoises et nord-coréennes également. Sur une distance de 1,9 km succèdent à la revue présidentielle un défilé à pied suivi d’un défilé de véhicules. Le ciel est également occupé par les aéronefs des forces armées (Terre, Air, Mer, Gendarmerie) mais aussi de la sécurité civile. En 2017, le défilé a rassemblé 3720 militaires à pied, 211 véhicules dont 62 motos, 241 chevaux, 63 avions et 29 hélicoptères. L’année suivante, c’était 4000 militaires, 220 véhicules, 250 chevaux, 64 avions et 30 hélicoptères…

C’est en 1916 que, pour la première fois, des troupes étrangères alliées sont associées au défilé de l’Armée française. Depuis, la tradition s’est installée où, à travers la présence de contingents étrangers (Allemands, Marocains, Américains, Brésiliens, armées de l’UE, Indiens, Japonais…), la France présente ses partenariats et alliances stratégiques ainsi qu’une géographie de ses théâtres d’opération.

 

Ouverture du défilé avec l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr Coëtquidan juste après l’École Polytechnique

 

Une organisation exceptionnelle

L’organisation du défilé militaire du 14 juillet est du ressort du Gouverneur Militaire de Paris (GMP), qui le prépare un an à l’avance eu égard à la complexité de l’opération : choix du thème, choix des unités (dès le printemps), modèle de parade, sécurisation de plus en plus lourde de la manifestation depuis 2015… Si la forme générale du défilé demeure inchangée, les Écoles défilant en tête (officiers puis sous-officiers) suivies des unités (dans l’ordre Terre, Marine, Air généralement) –, de nouvelles unités (cyberdéfense, Garde nationale…), les Forces de Sûreté Intérieure (Police nationale, administration pénitentiaire et des Douanes), ainsi que les forces de la sécurité civile y sont désormais intégrées. Le défilé n’est plus exclusivement militaire, et se veut l’expression d’une Défense plus que jamais globale.

Largement médiatisée, dès 8.30 du matin, la parade du 14 juillet est l’aboutissement d’un entraînement rigoureux qui commence dès le début du mois de juillet. Les unités participantes sont rassemblées sur les deux grandes bases militaires franciliennes de Satory et de Brétigny-sur-Orge. Cette dernière dispose d’une piste d’aviation qui restitue la longueur de l’avenue des Champs-Élysées, et sur laquelle s’organisent quotidiennement les manoeuvres en ordre serré des hommes et celles en formation des véhicules et des aéronefs. À J-5 les Champs-Élysées sont à leur tour bloqués tous les matins à 6.30 pour des répétitions à partir de repères tracés au sol.

L’organisation du défilé militaire est, donc, un dispositif de précision dont la traduction chorégraphique met en exergue les valeurs inhérentes à l’institution militaire : la discipline et la rigueur. Une discipline et une rigueur mises au service de la défense du Bien commun avec tout ce que cela induit au quotidien comme en opération : cohésion et fraternité d’arme, abnégation et dépassement de soi… C’est tout cela que reflètent la prestance des maintiens, la coordination des mouvements ainsi que l’alignement des rangs et des colonnes. Ce ne sont pas les individus qui sont effacés derrière les uniformes et la marche au pas (jamais) mais leurs intérêts égoïstes lorsque la défense du plus grand nombre est en jeu. Aucune autre institution ne l’exprime de manière aussi éclatante.

Le défilé du 14 juillet répond donc à une organisation chronométrée où plusieurs milliers d’hommes et de femmes évoluent durant plus d’une heure sur des rythmes différents, qu’il pleuve ou que ce soit la canicule et sous les objectifs des caméras de télévision. Si les motocyclistes de la Garde républicaine doivent s’aligner sur le pas des chevaux (8/9 km/h), tous les autres véhicules doivent rouler à 14 km/h afin de ne pas créer d’écarts. Les troupes à pied, quant à elles, défilent selon la règle des 120 pas/minute à l’exception de la Légion étrangère qui, par tradition, défile à 88 pas/minute d’où son placement en fin du défilé à pied. Il faut cependant progresser au même pas sur plusieurs centaines de mètres sans tourner la tête ni attendre la cadence de chefs qui peuvent être loin en tête. Il sera donc rappelé l’importance de la musique militaire qui accompagne la marche au pas en fixant le pied gauche sur la grosse caisse. L’ensemble est également synchronisé avec un défilé aérien qui, à lui seul, nécessite une organisation spécifique.

Invité d’honneur du défilé en 2017, le Président américain Donald TRUMP avait été tellement impressionné par la parade française, qu’il demanda au Pentagone d’étudier un projet de défilé militaire comparable pour l’Independence Day.

__________

  1. Cf. Fête instituée le 15 août et qui correspond également la fête chrétienne de l’Assomption de Marie.
  2. Cf. À l’initiative du député Benjamin RASPAIL (1823-1899).
  3. Cf. À l’exception de la Légion étrangère qui reste en un seul bloc.

 


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