Ce compte rendu (mis à jour) a été publié le 2 février 2014.
Le jeudi 30 janvier 2014, 60 lycéens de 1re ES du Lycée Galilée de Combs-la-Ville étaient accueillis par le 40e Régiment d’Artillerie. Action pédagogique majeure, devenue traditionnelle depuis 2009, cette sortie vit aussi les élèves être accompagnés de leur ancienne proviseure, récemment partie à la retraite, Madame Marie-Martine SALLES.
Le Colonel Rémi CHALMIN
Une unité de traditions
Arrivés au Quartier Maunoury aux environs de 9.30, les lycéens furent aussitôt pris en main par le Chef de corps, le Colonel Rémi CHALMIN qui, au cours d’une première heure, leur présenta l’unité. Une synthèse directe, vivante et dynamique, qui aborda quasiment tous les aspects de la vie du régiment, du passé au présent, de l’activité opérationnelle à la vie quotidienne, des problèmes généraux aux questions particulières.
Créé le 1er octobre 1894 à Saint-Mihiel (Meuse), le 40e Régiment d’Artillerie - dont la devise est « Sursum corda » (« Hauts les cœurs ») - a participé aux deux guerres mondiales, déployant le célèbre canon de campagne de 75 mm modèle 1897 (25 coups/mn). Héritier d’une riche tradition d’Histoire militaire, il a été installé à Suippes en 1977 où - échappant à la vague récente de dissolution de nombreuses unités - il fait aujourd’hui partie des 80 régiments qui constituent les forces vives de l’Armée de Terre (1).
Le 40e RA appartient à la 2e Brigade blindée (Illkirch-Graffenstaden), héritière de la célèbre Division Leclerc de la Deuxième Guerre mondiale (2e DB). Avec la fin de la Guerre froide et le passage à l’armée de métier, les lourdes divisions de 15 000 hommes sont devenues des brigades de 6000 personnels, plus légères mais aussi plus souples et modulables dans le cadre d’un emploi désormais interarmes et interarmées. Dernier régiment d’artillerie lourde de l’Armée de Terre encore équipé d’AMX AUF1 GCT, le 40e RA est la composante appui-feu de la 2eBB.
Une unité combattante
L’unité se présente comme un régiment de structure classique (2). Il rassemble un millier de personnels dont 860 militaires d’active. Réservistes et civils viennent compléter des effectifs intensément sollicités par la multiplication des opérations extérieures (OPEX), ceci dans un contexte général de réduction des effectifs de l’Armée de Terre. Parce qu’il est le régiment qui représente à lui seul 25% des moyens feu de l’Armée de Terre, le 40e RA est demandé pour un grand nombre de théâtres d’opération : Afghanistan, Liban, Mali, Centrafrique mais aussi Martinique, Nouvelle-Calédonie. Pour la seule année 2014, l’unité verra 500 de ses militaires sur les 860, projetés à l’étranger.
Sur le camp de Suippes, le régiment s’organise autour de 8 batteries (3) : 1 batterie de commandement, 4 batteries de tir d’une centaine de personnels chacune, 1 batterie de soutien, 1 batterie de renseignement de brigade (BRB), et 1 batterie de réservistes. La BRB est rattachée au 40e RA mais travaille au profit de la 2e BB en déployant notamment des Drones de Reconnaissance Au Contact (DRAC).
Comptant 13% de femmes, l’unité du Colonel CHALMIN est aussi une communauté de vie avec ses valeurs, ses lieux de sociabilité et de loisirs, ses règles. L’officier insiste tout particulièrement sur les vertus du commandement et de la discipline. Soucieux de l’intégration de ses officiers subalternes, sous-officiers (4) et soldats qu’il « commande non pas au-dessus d’eux mais parmi eux », le Colonel Rémi CHALMIN stimule, valorise, récompense, mais il sait aussi se montrer intraitable avec ceux qui n’entrent pas dans le moule militaire, n’hésitant pas à renvoyer à la vie civile nombre de soldats ayant fait usage de drogues par exemple. À l’Armée, « on ne vend rien si ce n’est de l’opérationnel » et « on ne travaille pas, on sert » rappelle t-il.
Apprentissage du combat au corps-à-corps
Une journée d’activité exceptionnelle pour les lycéens
Au terme de cet accueil, les lycéens furent répartis en 4 groupes auxquels furent présentés les matériels majeurs du régiment à savoir 3 pièces d’artillerie : l’automoteur AMX AUF1 GCT, le mortier lourd de 120 mm et le fleuron de l’artillerie actuelle le CAESAR (5). Matériels de la Guerre froide, âgés de plus de trente ans, les deux premiers continuent leur carrière avec des qualités avérées : rusticité, robustesse, fiabilité. Déployé depuis 2009, le Camion Équipé d’un Système d’Artillerie (CAESAR) de la firme NEXTER est ce que l’on fait de mieux à l’heure actuelle en matière d’artillerie dans le monde. Le Colonel CHALMIN, qui a travaillé directement à la conception de ce matériel, n’est pas peu fier de le présenter avec ses munitions : des obus de 43 kilos tirés à 38 km de distance avec une précision impressionnante.
Aux côtés de ces matériels, étaient aussi présentés un VAB d’observation, un véhicule équipé du système ATLAS (Automatisation des Tirs et Liaisons de l’Artillerie sol/sol), et une équipe JTAC (Joint Terminal Attack Controller) avec son matériel. Les lycéens eurent aussi l’occasion d’essayer un gilet pare-balles (la « frag »), de manipuler le fusil d’assaut FAMAS, la mitrailleuse ANF1 ainsi que le lance-roquette anti-char (LRAC) de 89 mm. Les passages de chasseurs Mirage 2000 et Rafale Air exécutant des exercices de tir, achevèrent de plonger les lycéens dans une « atmosphère combattante ».
Le franchissement de la fosse
Expérience également marquante : la découverte de la ration de combat (RCIR) lors du déjeuner sous la tente et dans le froid… À l’issue de ce grand moment, les lycéens furent répartis en plusieurs ateliers dont un consacré à une initiation au parcours du combattant, et un deuxième consacré à une initiation au combat au corps à corps. Encadrés par deux instructeurs, ils apprirent ainsi les techniques de passage de certains obstacles dont les redoutés « planche irlandaise », mur d’assaut et fosse (tous à 2 mètres de hauteur), ainsi que des rudiments de gestes d’autodéfense. Un troisième atelier expliqua le travail de l’infirmier militaire : son matériel, ses gestes (notamment la pose d’un garrot tourniquet, la piqûre de morphine et le bandage) ainsi qu’une séquence d’évacuation d’un blessé sous le feu ennemi. La visite des locaux d’une batterie et du foyer du soldat clôturèrent vers 17.00 cette journée particulièrement riche.
Porter secours et évacuer
Action pédagogique destinée à mettre en contact la communauté scolaire et la communauté de Défense, cette journée en immersion dans une grande unité fut appréciée de tous, élèves comme encadrants. Consignes de travail à l’appui, les lycéens eurent, en dépit du froid et des activités physiques, à questionner directement les militaires sur les notions d’engagement et de sacrifice. Nul doute que cette nouvelle expérience – après l’écriture de lettres de Noël aux soldats de la Force Serval le mois dernier – restera ancrée en eux.
Le Lycée Galilée, quant à lui, remercie vivement le Colonel Rémi CHALMIN pour la générosité et la richesse de son accueil, ainsi que les personnels de la 3e batterie (notamment le Lieutenant BOUZIAT, officier référent de la visite) qui ont contribué à l’organisation matérielle de cette belle journée.
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