En avril 1917 sur le front occidental, dans le secteur des Flandres, deux soldats britanniques (Blake et Schofield) reçoivent pour mission de porter un message de toute urgence devant annuler une attaque imminente. Cette dernière enverrait le régiment dans lequel le frère de Blake sert comme lieutenant dans un piège tendu par les Allemands. Au-delà de la situation personnelle de Blake, les deux hommes, qui doivent parcourir une quinzaine de kilomètres à travers le no man’s land et un secteur encore tenu par les Allemands, ont aussi le sentiment de tenir entre leurs mains le sort de 1600 soldats.
La prouesse de Sam MENDES est de réaliser un film qui se présente comme une course contre le temps filmée en un seul plan-séquence. Certes, il y a quelques coupures mais l’unité du plan-séquence qui tient sur deux journées et une nuit reste remarquable. Du début à la fin d’un film de deux heures, le spectateur est tenu par le rythme, le suspens et un effet dramatique. Si Blake est tué avant la fin de la première journée, son camarade, le caporal William Schofield, parvient à remplir la mission sauvant plus d’un millier d’hommes et parvenant à retrouver le frère de son défunt ami.
La mise en scène du film est particulièrement soignée, à commencer par la reconstitution des paysages de tranchées à la fois dans leur profondeur et dans leur défilement, celle du no man’s land et jusque dans la géologie argilo-crayeuse caractéristique de ce champ de bataille de la Première Guerre mondiale. La reconstitution technique est également frappante avec des tommies qui se fondent dans un univers de boue sanglante et de cadavres en putréfaction. Un univers dont on imagine sans peine l’odeur pestilentielle, mais qui nous restitue aussi, non sans poésie, le printemps dans les campagnes et prairies intersticielles.
1917 a été doublement nominé aux Golden Globes 2020 pour le meilleur film et le meilleur réalisateur avant sa sortie en France le 15 janvier 2020.
__________