Konstantin MAXIMOV, Tankers, 2018.
Dans la même veine que les films T-34. Machine de guerre et Tanks for Stalin (également sortis en 2018), Tankers se construit sur une anecdote présentée comme un fait s’étant réellement passé. Nous sommes dans la micro-histoire de la Deuxième Guerre mondiale.
L’action se situe en 1942 au lendemain de la contre-offensive soviétique qui arrête la Wehrmacht devant Moscou. Le Capitaine Semyon Konovalova, chef de char dans la 15e Brigade blindée tente de réparer son KV-1 à la veille d’une nouvelle attaque contre les Allemands. Il reçoit le soutien de son épouse, Pavla, ingénieur mécanicien venue de Kirov pour aider à la réparation des blindés à l’arrière du front. Ne parvenant pas à remettre en état de marche son char, le capitaine est jeté avec son équipage dans la bataille, mais à pied comme fantassin. Entre-temps, Pavla, sur les informations d’un prisonnier allemand parvient à trouver un autre KV-1, en état de marche celui-ci. Konovalova reprend le combat à bord de son nouveau char et parvient à détruire 16 blindés allemands avant de regagner les lignes russes à bord d’un Panzer IV capturé ; son KV-1 ayant été détruit au cours de l’action.
Le film, inconnu sur les écrans occidentaux, n’a fait l’objet d’aucune sortie en DVD/Blu-Ray et reste a priori destiné à un public russophone. Si on y retrouve une certaine qualité technique du fait de l’utilisation de vrais chars T-34 et KV-1 ainsi que d’un environnement soviétique soigné (uniformes et atelier de réparation des chars), le film de Konstantin MAXIMOV présente trop d’invraisemblances dont les formations de combat très resserrées des blindés allemands, les distances de tir trop proches entre les chars, et les piètres performances des tankistes de la Panzerwaffe, sont les plus frappantes.
En fait, la vraie vedette est le char Kliment Vorochilov ou KV-1 qui, avec le T-34, avait constitué une très mauvaise surprise pour la Wehrmacht dès les débuts de l’opération Barbarossa. Méritant sa réputation de « forteresse blindée », le KV-1 faisait partie des rares atouts de l’Armée rouge au moment de l’invasion allemande. Très difficile à détruire à cette date et bien armé, il a été notamment utilisé là où les percées blindées submergeaient les forces soviétiques, et a souvent contribué à ralentir le rythme offensif allemand. Seuls les Sturmgeschütz III étaient en mesure de le détruire efficacement, mais il faudra attendre le printemps 1942 avec le montage sur les Panzer IV Ausf G de canons KwK 40 L/43 (1) pour inverser le rapport de force avec les KV-1. Avec un canon long de 75 mm muni d’un frein de bouche, couplé à une optique de tir de meilleure qualité et servi par des équipages qui, en 1942, étaient encore mieux entraînés que leurs homologues soviétiques, les Panzer IV du film de MAXIMOV n’auraient pu être détruits aussi facilement par un seul KV-1.
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Le Capitaine Semyon Konovalova