SCHNEIDER (Aaron), USS Greyhound. La bataille de l’Atlantique, 2020.
Confrontation majeure du deuxième conflit mondial, la bataille de l’Atlantique n’est pourtant pas un thème abondamment traité par le cinéma de guerre même si le film de Dick POWELL, Torpilles sous l’Atlantique (1957) et celui de Wolfgang PETERSEN, Das Boot (1981) restent dans les mémoires des cinéphiles. Avec USS Greyhound. La bataille de l’Atlantique, le réalisateur Aaron SCHNEIDER nous replonge dans cet épisode historique à l’échelle d’un convoi allié cette fois et non plus d’un simple duel entre un destroyer américain et un U-Boat.
L’action se situe en février 1942 quelques semaines seulement après l’entrée en guerre des États-Unis. Parce que l’Allemagne est désignée comme l’ennemi prioritaire, mais qu’il faut aussi sauver la Grande-Bretagne de l’asphyxie tout en ravitaillant l’URSS, l’océan Atlantique devient un immense espace stratégique dont les routes maritimes doivent être protégées de la menace permanente que représentent les sous-marins allemands.
Interprété par Tom HANKS, le Commandant Ernest KRAUSE commande le destroyer USS Keeling - nom de code Greyhound -, de la classe Fletcher. Sa mission (la première mission de guerre de sa carrière) est d’escorter un convoi à destination de la Grande-Bretagne. Il doit pour cela traverser le terrible « trou noir » ("Black pit") de l’Atlantique nord : une vaste zone que les rayons d’action des avions américains venant de l’Ouest et britanniques venant de l’Est ne couvrent pas à cette date (1). C’est dans cet espace maritime qui demande plusieurs jours de traversée et qui échappe à toute protection aérienne, que les meutes de sous-marins allemands attendent les convois alliés, leur infligeant les plus lourdes pertes (2).
Nous sommes aux heures les plus sombres d’une bataille qui a duré plusieurs années de 1939 à 1943. En février 1942, la victoire semble pencher du côté allemand tant le tonnage de navires alliés coulés est très élevé. Le film retrace la traversée du convoi HX-25 à destination de Liverpool. Constitué de 37 bâtiments de ravitaillement et de transport de troupes, le convoi n’a pour seule escorte que 4 bâtiments de guerre dont le destroyer USS Keeling est le plus lourd... Durant trois jours et trois nuits, KRAUSE devra affronter une meute de U-Boats faisant l’expérience pour la première fois de la lutte anti-sous-marine.
Zigzaguant le HX-25 est attaqué à l’avant et à l’arrière, les sous-marins allemands profitant de la nuit et du mauvais temps pour attaquer en surface et s’infiltrer entre les bâtiments du convoi. Plusieurs attaques sont repoussées mais les réserves de carburant et de munitions anti-sous-marines baissent dangereusement. Ces trois jours de traversée du Black pit sont particulièrement éprouvants pour KRAUSE et son équipage qui mènent le combat à l’avant et à l’arrière du convoi partout où les U-Boats attaquent. Un cruel dilemme agite le commandant américain lorsque se pose la question de sauver ou de laisser mourir les naufragés d’un bâtiment torpillé alors qu’une autre attaque en cours réclame la présence du Greyhound. Lorsque le HX-25 sort enfin du Black pit et réalise sa jonction avec le HMS Diamond de la Royal Navy, il a perdu 7 bâtiments mais l’escorte conduite par le Greyhound a réussi à couler 4 U-Boats.
Il faut attendre l’année 1943 avec le déchiffrement de la machine Enigma, la mise au point de nouveaux systèmes de détection anti-sous-marins, l’introduction des premiers porte-avions dans l’Atlantique ainsi que de bombardiers à long rayon d’action Consolidated B-24 Liberator pour que la victoire alliée devienne décisive. Si la Kriegsmarine continue d’agir jusqu’à la fin de la guerre, c’est au printemps 1943 que la colonne vertébrale de la U-Boat Waffe est brisée (3). Avec la destruction du Scharnhorst en décembre de la même année, la Kriegsmarine n’est plus en mesure de couper les routes atlantiques. Sa défaite, fin 1943, libère l’océan Atlantique et permet désormais une sécurisation croissante des importants flux logistiques en provenance des États-Unis, préalable à la réalisation du débarquement en Normandie six mois plus tard.
Entre 60 et 70% des sous-mariniers allemands périrent durant la bataille de l’Atlantique, mais ils coulèrent plus de 20 millions de tonnes de navires tuant 45 000 marins alliés.
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Bibliographie