Le 16 février 2021, la Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Frédérique VIDAL, demandait au CNRS d’établir un bilan de l’ensemble des recherches conduites à ce moment, afin de pouvoir distinguer les véritables travaux scientifiques de ceux qui relevaient davantage d’un engagement militant. L’islamo-gauchisme était particulièrement visé, et c’est sur cette notion que revient Luc FERRY dans l’émission Esprits libres de Radio classique du 22 février.
À cette occasion, il élargit la réflexion sur un mouvement plus vaste venu des Etats-Unis et appelé la « cancel » ou « woke culture ». On retrouvera dans le propos du philosophe un éclaircissement à l’endroit des notions de « studies » et d’ « intersectionnalité », qui montrent comment une partie de la gauche a pu voir ses anciennes luttes sociales se transformer en luttes sociétales.
Cette mutation politique et culturelle hybride est l’aboutissement contemporain des grandes philosophies de la déconstruction appelées aussi « french theory », et portées par des penseurs tels que Louis ALTHUSSER (1918-1990), Simone de BEAUVOIR (1908-1986), Jacques LACAN (1901-1981), Jacques DERRIDA (1930-2004), Michel FOUCAULT (1926-1984), Claude LÉVI-STRAUSS (1908-2009)… Fécondée par divers courants idéologiques dans les universités étatsuniennes, cette pensée de la déconstruction nous revient à travers une nébuleuse de luttes politiques et sociales dans lesquelles on trouvera le combat des minorités (ethnico-religieuses, LGBT, féministe, antispéciste, vegan, etc.) mais aussi un militantisme transhumaniste.
Par ses implications anthropologiques, philosophiques, mais aussi politiques, le militantisme déconstructif constitue, au coeur même de la société, une menace réelle pour l’Esprit de défense.