La faillite morale de nos élites politiques est très certainement l’une des causes majeures – si ce n’est LA cause – du constat désormais fait quotidiennement par les Français d’un pays en crise politique, économique, sociale, sécuritaire, ce jusque dans les profondeurs de ce qui fonde les valeurs de notre civilisation. La crise sanitaire, quant à elle, n’est qu’une dimension conjoncturelle supplémentaire qui vient s’ajouter à ce constat structurel révélant encore plus nos fragilités.
Dans un article, l’essayiste Maxime TANDONNET soulignait que cette faillite morale s’accompagne aussi d’une faillite intellectuelle à la fois cause et conséquence d’une Éducation nationale dévastée par l’idéologie et la médiocrité. Celles et ceux pour qui le mot « culture » revêt encore un sens véritable n’ont, en effet, pas oublié la « bravitude » de Ségolène ROYAL, le « président normal » de François HOLLANDE, les « QSR » de Marlène SCHIAPPA (1), ni les mélanges des genres d’une Roselyne BACHELOT pour ne citer que ces exemples.
La faillite morale c’est aussi le sens de cette interpellation lancée par le Capitaine Jean-Pierre FABRE-BERNADAC (2) sous la forme d’une « Lettre ouverte à nos gouvernants ». Mise en ligne le 14 avril, publiée par le magazine Valeurs actuelles le 21, elle est signée par plus de 1300 militaires du soldat au général, tous grades confondus (3). Cette lettre, directement adressée au Président Emmanuel MACRON, aux membres du Gouvernement, ainsi qu’aux députés et aux sénateurs, dresse un constat aussi accablant que vrai de l’état actuel de la société française. Elle demande à ceux qui nous gouvernent, qui font les lois et qui ont la charge de les faire appliquer, de prendre avec courage les décisions qui éviteront au pays de basculer dans la guerre civile. Une guerre civile que l’auteur et les signataires n’appellent pas, mais dont ils perçoivent - en tant que patriotes avertis et blessés - la probabilité portée par l’actuel contexte politique et social. Nonobstant le contresens politicien - et à dessein - des détracteurs de la lettre, c’est cette hypothèse qui obligerait le pouvoir politique, en dernier recours, à faire appel aux armées et non l’auteur et les signataires qui appellent à cette intervention (4).
Nul doute que les personnes ayant apposé leur signature au bas d’un tel propos subiront des sanctions et des tracasseries de la part du MINARM, notamment les 26 officiers généraux signataires (5). La lettre du Capitaine FABRE-BERNADAC fait cependant éclater au grand jour ce qui se dit et se pense au sein d’une institution souvent méprisée derrière l’expression « Grande muette ». Mais "muet" ne veut pas dire dépourvu de compréhension ni d’intelligence, et encore moins de conviction. Ces dernières années ont, par ailleurs, vu une certaine parole militaire se libérer que ce soit à travers les ouvrages des généraux Bertrand SOUBELET, Pierre de VILLIERS ou, plus récemment, du Capitaine Hervé MOREAU. Cette lettre ouverte viendra donc amplifier l’inquiétude de nos militaires face à la déliquescence de la société française. Alors qu’ils en garantissaient jusqu’à présent la défense eu égard aux menaces extérieures, ils perçoivent le franchissement de seuils qui, désormais, déplace la menace mortelle au coeur même de notre société.
Dans les armées on ose encore, aujourd’hui, parler d’ « Honneur », de « Patrie », de « Loyauté » et de « Courage ». Autant de mots que le monde politique ignore à de rares exceptions, et qui, par ailleurs, résonnent négativement notamment dans les salles des professeurs de collèges et de lycées où la déconstruction de l’Histoire et de la civilisation occidentales est plus conforme aux esprits. La « Lettre ouverte à nos gouvernants » n’en sera que plus forte et vraie, davantage prémonitoire (6).
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LETTRE OUVERTE À NOS GOUVERNANTS
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs du gouvernement,
Mesdames, Messieurs les parlementaires,
L’heure est grave, la France est en péril, plusieurs dangers mortels la menacent. Nous qui, même à la retraite, restons des soldats de France, ne pouvons, dans les circonstances actuelles, demeurer indifférents au sort de notre beau pays.
Nos drapeaux tricolores ne sont pas simplement un morceau d’étoffe, ils symbolisent la tradition, à travers les âges, de ceux qui, quelles que soient leurs couleurs de peau ou leurs confessions, ont servi la France et ont donné leur vie pour elle. Sur ces drapeaux, nous trouvons en lettres d’or les mots « Honneur et Patrie ». Or, notre honneur aujourd’hui tient dans la dénonciation du délitement qui frappe notre patrie.
Délitement qui, à travers un certain antiracisme, s’affiche dans un seul but : créer sur notre sol un mal-être, voire une haine entre les communautés. Aujourd’hui, certains parlent de racialisme, d’indigénisme et de théories décoloniales, mais à travers ces termes c’est la guerre raciale que veulent ces partisans haineux et fanatiques. Ils méprisent notre pays, ses traditions, sa culture, et veulent le voir se dissoudre en lui arrachant son passé et son histoire. Ainsi s’en prennent-ils, par le biais de statues, à d’anciennes gloires militaires et civiles en analysant des propos vieux de plusieurs siècles.
Délitement qui, avec l’islamisme et les hordes de banlieue, entraîne le détachement de multiples parcelles de la nation pour les transformer en territoires soumis à des dogmes contraires à notre constitution. Or, chaque Français, quelle que soit sa croyance ou sa non-croyance, est partout chez lui dans l’Hexagone ; il ne peut et ne doit exister aucune ville, aucun quartier où les lois de la République ne s’appliquent pas.
Délitement, car la haine prend le pas sur la fraternité lors de manifestations où le pouvoir utilise les forces de l’ordre comme agents supplétifs et boucs émissaires face à des Français en gilets jaunes exprimant leurs désespoirs. Ceci alors que des individus infiltrés et encagoulés saccagent des commerces et menacent ces mêmes forces de l’ordre. Pourtant, ces dernières ne font qu’appliquer les directives, parfois contradictoires, données par vous, gouvernants.
Les périls montent, la violence s’accroît de jour en jour. Qui aurait prédit il y a dix ans qu’un professeur serait un jour décapité à la sortie de son collège ? Or, nous, serviteurs de la Nation, qui avons toujours été prêts à mettre notre peau au bout de notre engagement – comme l’exigeait notre état militaire, ne pouvons être devant de tels agissements des spectateurs passifs.
Aussi, ceux qui dirigent notre pays doivent impérativement trouver le courage nécessaire à l’éradication de ces dangers. Pour cela, il suffit souvent d’appliquer sans faiblesse des lois qui existent déjà. N’oubliez pas que, comme nous, une grande majorité de nos concitoyens est excédée par vos louvoiements et vos silences coupables.
Comme le disait le cardinal Mercier, primat de Belgique : « Quand la prudence est partout, le courage n’est nulle part. » Alors, Mesdames, Messieurs, assez d’atermoiements, l’heure est grave, le travail est colossal ; ne perdez pas de temps et sachez que nous sommes disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation.
Par contre, si rien n’est entrepris, le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société, provoquant au final une explosion et l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles et de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national.
On le voit, il n’est plus temps de tergiverser, sinon, demain la guerre civile mettra un terme à ce chaos croissant, et les morts, dont vous porterez la responsabilité, se compteront par milliers.
Capitaine Jean-Pierre FABRE-BERNADAC
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L’analyse du texte par le philosophe Michel ONFRAY