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Une deuxième tribune de militaires (dimanche 9 mai 2021)
Article mis en ligne le 10 mai 2021
dernière modification le 11 juillet 2022

par Nghia NGUYEN

C’est une deuxième tribune - de militaires d’active cette fois - que Valeurs actuelles fait paraître dans ses colonnes le dimanche 9 mai 2021 (1), quelques semaines après la diffusion de la lettre du Capitaine Jean-Pierre FABRE-BERNADAC. Suscitant un important débat cette dernière, adressée à l’exécutif et à la représentation parlementaire, a non seulement rencontré un grand écho au sein de l’opinion publique mais elle a également été très largement soutenue comme l’indiquent le nombre croissant de signataires et le sondage Harris interactive pour LCI du 28 avril.

Nonobstant les contresens et raccourcis idéologiques et médiatiques, la tribune du Capitaine FABRE-BERNADAC ne fut pas celle "des généraux" mais de militaires majoritairement anciens et retirés du service actif. Les 23 premiers officiers généraux (devenus 56 après l’annonce de sanctions et de radiations) furent surtout la partie émergée de l’iceberg qui, d’ailleurs, ne cachait pas non plus les centaines de colonels, lieutenants-colonels et autres officiers, sous-officiers et hommes du rang, devenus en quelques jours plusieurs milliers.

Cette deuxième tribune lui emboîte désormais le pas, venant soutenir le constat du Capitaine FABRE-BERNADAC qui, au fond, n’est autre que celui partagé par des millions de Français. Ce sont des militaires d’active qui, cette fois, interpellent en nombre le monde politique mais aussi la haute hiérarchie militaire. Non seulement ils soutiennent le constat de la première tribune mais ils le précisent à l’aune de leurs missions et du sens qu’ils ont de l’Histoire. Ils lèvent aussi l’ambïguité stylistique - non politique - reprochée à la précédente lettre à l’endroit de la guerre civile et de l’intervention des forces de 3e catégorie.

Hommes et femmes d’action, de courage et de loyauté, exaspérés en leur for intérieur par la situation qui est faite au pays, ils s’élèvent contre leurs plus hautes autorités dont la "lâcheté", la "fourberie" et la "perversion" sont soulignées à travers les sanctions infligées aux signataires de la première tribune. Les propos pas si anciens de l’actuel CEMA n’ont effectivement pas été oubliés. Ces mots forts à l’endroit de la ministre et du Général François LECOINTRE ne sont pas désobéissance ni déloyauté, mais ils signent une perte de confiance significative d’une (grande ?) partie de l’Armée dans son commandement suprême. Partant on les retiendra essentiellement, bien plus qu’un constat déjà dressé et connu du plus grand nombre. Ils sont, en effet, témoins à leur manière de la pente dangereuse sur laquelle est déjà engagée la société française.

__________

  1. Le lundi 10 mai à 12.00, cette deuxième tribune comptait déjà 109 059 signataires. Le mardi 11 mai à 18.00, Valeurs actuelles en comptait 249 989.

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Monsieur le Président de la République,

Mesdames et Messieurs les ministres, parlementaires, officiers généraux, en vos grades et qualités,

 

On ne chante plus le septième couplet de la Marseillaise, dit « couplet des enfants ». Il est pourtant riche d’enseignements. Laissons-lui le soin de nous les prodiguer :

« Nous entrerons dans la carrière quand nos aînés n’y seront plus. Nous y trouverons leur poussière, et la trace de leurs vertus. Bien moins jaloux de leur survivre que de partager leur cercueil, nous aurons le sublime orgueil de les venger ou de les suivre »

Nos aînés, ce sont des combattants qui ont mérité qu’on les respecte. Ce sont par exemple les vieux soldats dont vous avez piétiné l’honneur ces dernières semaines. Ce sont ces milliers de serviteurs de la France, signataires d’une tribune de simple bon sens, des soldats qui ont donné leurs plus belles années pour défendre notre liberté, obéissant à vos ordres, pour faire vos guerres ou mettre en œuvre vos restrictions budgétaires, que vous avez salis alors que le peuple de France les soutenait.

Ces gens qui ont lutté contre tous les ennemis de la France, vous les avez traités de factieux alors que leur seul tort est d’aimer leur pays et de pleurer sa visible déchéance.

Dans ces conditions, c’est à nous, qui sommes récemment entrés dans la carrière, d’entrer dans l’arène pour avoir simplement l’honneur d’y dire la vérité.

Nous sommes de ce que les journaux ont nommé « la génération du feu ». Hommes et femmes, militaires en activité, de toutes les armées et de tous les grades, de toutes les sensibilités, nous aimons notre pays. Ce sont nos seuls titres de gloire. Et si nous ne pouvons pas, réglementairement, nous exprimer à visage découvert, il nous est tout aussi impossible de nous taire.

Afghanistan, Mali, Centrafrique ou ailleurs, un certain nombre d’entre nous ont connu le feu ennemi. Certains y ont laissé des camarades. Ils ont offert leur peau pour détruire l’islamisme auquel vous faites des concessions sur notre sol.

Presque tous, nous avons connu l’opération Sentinelle. Nous y avons vu de nos yeux les banlieues abandonnées, les accommodements avec la délinquance. Nous avons subi les tentatives d’instrumentalisation de plusieurs communautés religieuses, pour qui la France ne signifie rien -rien qu’un objet de sarcasmes, de mépris voire de haine.

Nous avons défilé le 14 juillet. Et cette foule bienveillante et diverse, qui nous acclamait parce que nous en sommes l’émanation, on nous a demandé de nous en méfier pendant des mois, en nous interdisant de circuler en uniforme, en faisant de nous des victimes en puissance, sur un sol que nous sommes pourtant capables de défendre.

Oui, nos aînés ont raison sur le fond de leur texte, dans sa totalité. Nous voyons la violence dans nos villes et villages. Nous voyons le communautarisme s’installer dans l’espace public, dans le débat public. Nous voyons la haine de la France et de son histoire devenir la norme.

Ce n’est peut-être pas à des militaires de dire cela, arguerez-vous. Bien au contraire : parce que nous sommes apolitiques dans nos appréciations de situation, c’est un constat professionnel que nous livrons. Car cette déchéance, nous l’avons vue dans bien des pays en crise. Elle précède l’effondrement. Elle annonce le chaos et la violence, et contrairement à ce que vous affirmez ici où là, ce chaos et cette violence ne viendront pas d’un « pronunciamento militaire » mais d’une insurrection civile.

Pour ergoter sur la forme de la tribune de nos aînés au lieu de reconnaître l’évidence de leurs constats, il faut être bien lâche. Pour invoquer un devoir de réserve mal interprété dans le but de faire taire des citoyens français, il faut être bien fourbe. Pour encourager les cadres dirigeants de l’armée à prendre position et à s’exposer, avant de les sanctionner rageusement dès qu’ils écrivent autre chose que des récits de batailles, il faut être bien pervers.

Lâcheté, fourberie, perversion : telle n’est pas notre vision de la hiérarchie. L’armée est au contraire, par excellence, le lieu où l’on se parle vrai parce que l’on engage sa vie. C’est cette confiance en l’institution militaire que nous appelons de nos vœux.

Oui, si une guerre civile éclate, l’armée maintiendra l’ordre sur son propre sol, parce qu’on le lui demandera. C’est même la définition de la guerre civile. Personne ne peut vouloir une situation aussi terrible, nos aînés pas plus que nous, mais oui, de nouveau, la guerre civile couve en France et vous le savez parfaitement.

Le cri d’alarme de nos Anciens renvoie enfin à de plus lointains échos. Nos aînés, ce sont les résistants de 1940, que, bien souvent, des gens comme vous traitaient de factieux, et qui ont continué le combat pendant que les légalistes, transis de peur, misaient déjà sur les concessions avec le mal pour limiter les dégâts ; ce sont les poilus de 14, qui mouraient pour quelques mètres de terre, alors que vous abandonnez, sans réagir, des quartiers entiers de notre pays à la loi du plus fort ; ce sont tous les morts, célèbres ou anonymes, tombés au front ou après une vie de service.

Tous nos aînés, ceux qui ont fait de notre pays ce qu’il est, qui ont dessiné son territoire, défendu sa culture, donné ou reçu des ordres dans sa langue, ont-ils combattu pour que vous laissiez la France devenir un Etat failli, qui remplace son impuissance régalienne de plus en plus patente par une tyrannie brutale contre ceux de ses serviteurs qui veulent encore l’avertir ?

Agissez, Mesdames et Messieurs. Il ne s’agit pas, cette fois, d’émotion sur commande, de formules toutes faites ou de médiatisation. Il ne s’agit pas de prolonger vos mandats ou d’en conquérir d’autres. Il s’agit de la survie de notre pays, de votre pays.

 

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