Bandeau
Éducation à la Défense et à la Sécurité nationale
Site non officiel
Descriptif du site
Éditorial : pour l’École
Article mis en ligne le 11 janvier 2017
dernière modification le 17 novembre 2020

par Nghia NGUYEN

Le 21 septembre 2015, sous la pression des syndicats SNES-FSU et SUD-Éducation, le rectorat de l’académie de Créteil décidait de retirer le site académique d’Éducation à la Défense mis en ligne depuis octobre 2012. Moins de deux mois plus tard, le 13 novembre, les attentats de Paris et de Saint-Denis tuaient 130 personnes et en blessaient plus de 400 autres. Depuis, la tuerie de masse de Nice (14 juillet 2016) et l’assassinat du Père Jacques HAMEL (26 juillet suivant) sont venus ajouter de nouvelles victimes à une liste, qui est loin d’être refermée.

Notre pays connaît une situation de guerre, officiellement reconnue par nos responsables politiques. Une guerre que nous livre un jihad international qui nous attaque pour ce que nous sommes, non pour ce que nous faisons ou aurions fait par le passé nonobstant une propagande malheureusement relayée par quelques uns ici et là. Les jihadistes nous frappent donc, et ils continueront de le faire dans un monde où s’accumulent également d’autres menaces.

Car la mondialisation n’est pas qu’économique. Elle est aussi porteuse de chocs politiques et culturels violents, qui n’auront jamais autant questionné la Défense de notre pays au-delà des représentations conventionnellement admises par nos contemporains. Guerres et menaces d’aujourd’hui s’affranchissent des territoires, des frontières et des États, ce qui ne signifie pas pour autant que les conflits interétatiques - ces guerres « d’autrefois » - soient sortis de l’Histoire. Bien au contraire et nous aurions grand tort de le penser.

Et l’École de la République dans tout ceci ? Est-elle concernée par la marche violente du Monde et de l’Histoire ? A-t-elle un rôle actif à jouer dans la défense du pays ? La réponse à ces questions paraîtrait évidente si justement elle n’était infirmée par des blocages idéologiques et culturels connus depuis longtemps, dont la persistance apparaît aujourd’hui sous un jour aussi dramatique qu’absurde. Alors que la Nation se doit de mobiliser ses forces vives dans la durée, de forger une véritable résilience sociétale, l’École n’aura jamais autant abandonné sa fonction de transmission des héritages fondamentaux, ceux qui fondent justement l’Esprit de défense.

Quels qu’en aient été le chemin et la durée, nous avons tous de nos jours une expérience scolaire, ce qui n’est pas le cas de tous pour le travail et la vie en entreprise. L’École continue donc d’occuper une place centrale dans la société. Une place qui continue de faire d’elle - en théorie - un creuset.

Trop de choses ont cependant été abandonnées en son sein - à commencer par cette Autorité qui fait grandir et le goût de servir le Bien commun - pour que le creuset puisse fonctionner correctement. L’alliage qui en sort n’est plus en mesure de résister à ce « choc de volontés » qu’est toute guerre ainsi que l’effort de défense qui l’accompagne.

La situation actuelle connaît donc une urgence, qui fut pourtant perçue et anticipée par le législateur dès la suspension du service militaire en 1997 (1). Cette loi faisait déjà en son temps obligation à l’Éducation nationale d’enseigner la Défense, et de travailler en sa partie à l’animation du « lien Armée-nation ». Divers partenariats et conventions entre les ministères se sont succédés depuis pour la faire vivre et structurer un « parcours citoyen ». Qu’en est-il aujourd’hui, vingt ans après ?

Hormis quelques exceptions tenant davantage à la personnalité de certains enseignants, l’Éducation à la Défense n’aura jamais vraiment vécu en dépit de programmes scolaires qui pouvaient se faire de plus en plus précis sur la question. Derrière la notion de devoir de mémoire, celle d’une citoyenneté à géométrie variable, et une morale civique aussi abstraite et floue qu’elle est sans entrailles, l’Éducation à la Défense a été vidée de sa substance, si ce n’est marginalisée et combattue.

Certes, les académies produisent ici et là, sur leur site, de discrètes pages rappelant les fameux "textes officiels" sur la question, mais l’on y trouvera rien de bien sérieux ni d’approfondi. La conviction n’y est pas, et l’Éducation à la Défense reste incontestablement une mission « oubliée » de l’Éducation nationale alors que le terrorisme s’abat désormais sur notre territoire même.

Le protocole interministériel du 20 mai 2016 prend enfin la mesure de ce que devrait être une véritable Éducation et un véritable enseignement de défense, mais il aura fallu plusieurs tueries de masse pour conduire à cette prise de conscience. Entre-temps, un nouvel exercice sur le thème de l’attentat-intrusion a été imposé dans les 63 600 écoles, collèges et lycées sans que les communautés éducatives soient pour autant sensibilisées, formées, réalisent ni ne comprennent ce que l’on attend exactement d’elles (2). C’est que la culture de défense, dont l’École aurait dû être l’une des matrices essentielles depuis longtemps, n’existe pas.

Ce nouveau site d’Éducation à la Défense s’est donc élaboré sur un constat où se mêlent dans le meilleur des cas incompréhension, ignorance et désintérêt vis-à-vis des questions de défense, dans le pire aveuglement et opposition idéologiques de posture.

Lancé le 1er janvier 2017, il est d’abord et avant tout destiné à la communauté éducative qu’elle soit publique, privée ou libre. L’objectif est non seulement d’éveiller les consciences sur les enjeux de défense, mais aussi d’apporter une contribution à la formation sur ces questions. Pour cela, le site s’articule en quatre grands parties :

  • Un premier volet intitulé « Éducation à la Défense » dans lequel les lecteurs trouveront une présentation des éléments législatifs, réglementaires et institutionnels sur lesquels repose officiellement l’Éducation à la Défense (lois, acteurs, programmes scolaires…), mais aussi une définition de celle-ci.
  • Un deuxième volet intitulé « Enseignement de défense » qui apportera les éclairages techniques, historiques et géopolitiques permettant de faire vivre un enseignement de défense dans les classes.
  • Un troisième volet intitulé « Esprit de défense » s’intéressera aux interactions permettant l’émergence d’une culture de défense dans le milieu scolaire. On y trouvera aussi des éléments de réflexion interrogeant l’ensemble de la société à travers la construction d’une résilience globale.
  • Un quatrième volet intitulé « Ressources pédagogiques » mettra à disposition de la communauté éducative tout un ensemble de références et de travaux permettant l’approfondissement de la réflexion sur les questions de défense.

Ce site n’est pas exclusif. Il invite le plus grand nombre à venir partager cet intérêt pour la Défense nationale. Cependant, il s’adresse en priorité aux professeurs du primaire et du secondaire à qui revient la mission et la charge d’expliquer aux plus jeunes la Défense, d’en faire rayonner l’esprit et la culture. Il sera ainsi une contribution à la mise en œuvre opérationnelle de l’Éducation à la Défense au sein des écoles primaires, des collèges et des lycées.

Travail d’un professeur pour d’autres professeurs, ce site n’est pas un site officiel de l’Éducation nationale. Conscient que l’institution n’est pas prête, qu’elle reste encore dominée par un syndicalisme partisan et aveugle sur ces questions, ce travail sera pour l’École en ce qu’elle représente le Bien commun. Il le sera sans l’Éducation nationale, et n’engage donc en rien la parole publique.

S’il reste le fruit d’une réflexion enseignante et d’un travail de terrain de plus de dix ans, il est avant tout le propos d’un citoyen engagé dans les épreuves du temps, conscient que c’est toujours, et plus que jamais, la qualité des hommes - non celle des murailles - qui fait la défense de la Cité et du Bien commun.

__________

  1. Cf. Loi n° 97-1019 du 28 octobre 1997.
  2. Ce nouvel exercice - annoncé à l’été 2016 pour entrer en vigueur dès la rentrée 2016/2017 - vient s’ajouter aux deux autres exercices participant déjà à la sécurité des établissements scolaires : l’alerte incendie et l’alerte confinement face aux risques naturels et industriels.


En passant par l’Histoire

Sites favoris



IHEDN


Garde nationale


CAJ


ASAF


Syndicat de la Famille


CAJ


Fondation pour l'École


Espérance banlieues

Espérance ruralités


Cap Jeunesse


pucePlan du site puceContact puce

RSS

2016-2024 © Éducation à la Défense et à la Sécurité nationale - Tous droits réservés
Site réalisé sous SPIP
avec le squelette ESCAL-V3
Version : 3.87.60