Compte rendu de la sortie du mercredi 15 novembre 2023. Article publié sur le blog académique de la C-DEF AP2D.
Au lendemain de la commémoration du 11 novembre, la C-DEF AP2D Antoine de Saint-Exupéry a débuté ses travaux pratiques en visitant une partie de la base aérienne 709 de Cognac-Châteaubernard. L’objectif de cette première visite fut d’introduire les lycéens dans le monde de l’Armée de l’Air et de l’Espace (AAE) en leur faisant comprendre qu’avant d’aborder la question des aéronefs et des pilotes, il y avait toute une armée ainsi qu’une diversité d’emplois indispensables à la mise en œuvre de ces derniers.
Dans l’esprit du grand public l’AAE est trop souvent réduite à ce qui vole. Elle est effectivement l’armée de la troisième dimension où avions comme pilotes constituent à la fois sa raison d’être et son fer de lance. Cependant, depuis ses origines (1), l’Armée de l’Air ne peut pas les faire voler sans un soutien technique et matériel au sol qui n’a cessé de gagner en ampleur. De nos jours et plus que jamais, il faut une véritable armée pour faire décoller un Rafale, un E-3F SDCA, un A400 M Atlas ou tout autre aéronef tant la maîtrise de la troisième dimension est devenue une réalité complexe. Complexité technique et opérationnelle, complexité technologique et logistique, complexité de ce qu’est devenu le champ de bataille contemporain où s’enchevêtrent dorénavant les milieux physiques et les champs virtuels avec une multitude d’acteurs fort différents (2). Concrètement, les unités aériennes sont toujours appuyées par des unités de commandement, de contrôle aérien et de soutien divers. Les bases occupent de vastes emprises du fait de la présence de pistes d’au moins 2400 m de long (norme OTAN), et les infrastructures que l’on y trouve sont complexes : tour de contrôle, stations radar, stations de guerre électronique, dépôt de carburant, de munitions…
C’est pour appréhender cette complexité qui se tient derrière chaque aéronef et chaque personnel naviguant - que la mission de ce dernier soit la chasse, le transport, le renseignement en pilotage direct ou déporté - que les lycéens de la C-DEF ont consacré cette première visite à l’observation de différentes spécialités. Dans le vrombissement des moteurs des PC-21, survolés par un MQ-9 Reaper dont le pilote s’entraînait au vol à basse altitude, guidés par l’aspirant Kyllian, les élèves ont commencé leur approche par la formation au pilotage. La visite de l’École de l’Aviation de Chasse 00.315 Christian Martell a été l’occasion pour eux de découvrir deux types de simulateurs de vol : le Part Task Trainer ou PTT et le Full Mission Simulator (FMS). Le premier est un simulateur simplifié destiné à la maîtrise du pilotage. Il se présente telle une cabine ouverte alors que le second, plus immersif, enferme l’élève-pilote dans une sphère. Le FMS entraîne à des missions de combat. Il permet de jouer celles-ci en interconnexion avec les FMS voisins. Il permet également l’entraînement ou l’affrontement avec d’autres pilotes situés sur d’autres bases aériennes disposant elles aussi de FMS. Surtout, ces simulateurs de missions peuvent interagir avec des PC-21 en vol… PTT et FMS constituent des matériels de pointe faisant réaliser de substantielles économies en heures de vol et écourtant la formation des pilotes. Ils nécessitent la présence permanente sur la base d’ingénieurs et de techniciens civils chargés de la gestion et de la maintenance de leurs systèmes. Si le FMS ne restitue pas les facteurs de charge, il demeure le simulateur de mission le plus abouti à l’heure actuelle, avant le déploiement de simulateurs de nouvelle génération utilisant cette fois la réalité augmentée.
Les lycéens ont ensuite visité la tour de contrôle, sa vigie et son centre de commandement. En pénétrant dans cet autre environnement, ils purent observer un monde d’opérateurs attentifs derrière des écrans représentant de très larges espaces géographiques. Contrairement aux apparences, le ciel n’est pas vide et une réglementation à la fois rigoureuse et technique s’impose jour et nuit afin d’éviter les accidents. Pour anticiper ces derniers, les pompiers militaires sont également présents chaque fois qu’un avion de la base décolle, est en vol ou atterrit. Deux Véhicules Aéroport Mousse (VAM) 6x6 et un troisième camion d’intervention assurent une permanence sécurité au pied de la tour de contrôle. Équipés de deux puissants canons à mousse téléopérés de la cabine, les VAM pèsent 29 tonnes. Emportant dans leurs flancs un matériel spécifique aux accidents aéronautiques, ils sont capables de remonter les pistes à 110 km/h. Ces pompiers qui ont la réputation de passer leur temps à attendre à longueur de journée en milieu de piste sont, en fait, une véritable assurance-vie pour les pilotes. Il est à souhaiter qu’ils n’interviennent pas mais en cas d’accident, ils doivent être capable d’agir très rapidement avec des hommes et des matériels immédiatement prêts. Il faut donc maintenir en permanence un certain niveau physique, assurer une préparation exigeante des matériels et des véhicules et s’entraîner régulièrement au cours d’exercices. Présents aux côtés des pompiers, les militaires de la Section de Prévention du Péril Animalier (SPPA) ont aussi présenté leur mission à savoir éloigner les animaux pouvant nuire aux décollages et aux atterrisages (oiseaux et lapins). Ces hommes disposent donc de matériels destinés à les effrayer (en faisant du bruit par exemple), mais ils disposent également de chiens et d’un faucon spécialement dressés pour ce genre de mission.
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