BENTÉGEAT (Henri), Aimer l’Armée. Une passion à partager, Paris, Éditions Du Mesnil, 2012, 162 p.
Parcours d’obstacles au 19e Régiment du Génie (source - maCommune.info)
Voilà un livre qui se lira rapidement, le temps d’un court voyage, moins du fait de sa minceur et de l’étroitesse de son format, que du fait de la passion qu’il nous fait d’emblée partager. Le mot « passion » fait d’ailleurs partie du titre de l’ouvrage, et décrit bien la démarche de l’auteur.
Le Général d’armée Henri BENTÉGEAT, né en 1946, a été le Chef d’État-Major des Armées (CEMA) de 2002 à 2006. Ayant exercé la plus haute fonction au sein de l’institution militaire, il revient au terme d’une carrière exceptionnellement riche sur le métier des armes qu’il décrit comme une véritable vocation.
À défaut de tout dire, le livre du Général BENTÉGEAT dit l’essentiel de l’engagement militaire. Pas au sens technique - 162 pages n’y suffiraient - quand bien même les qualités littéraires de l’auteur peuvent-elles nous décrire concrètement l’expérience d’un marin à bord d’un bâtiment, d’un pilote dans son cockpit ou bien d’un fantassin sur le terrain. Autant de mondes et de compétences différents, de missions également, que l’auteur parvient à réunir autour d’une idée aussi simple qu’elle est forte et immuable : s’engager c’est aimer. Le métier des Armes est ainsi réfléchi à travers treize courts chapitres, dont le point commun est d’aimer une valeur inhérente à la vie de tout soldat, qu’il soit sur terre, en mer ou dans les airs. Le texte se présente ainsi :
« Aimer l’Armée » décrira avant tout les principes et les valeurs cardinales de l’engagement militaire. Le livre tranche avec l’air du temps, rappellant la belle phrase d’un autre grand militaire : « les raisons de vivre sont autant de raisons de mourir pour sauver ce qui donne un sens à la vie » (1). Les esprits repus de conventions bornées et reçues n’aimeront pas ce livre dès sa couverture, mais ceux qui auront la curiosité d’y engager la lecture découvriront une humanité aussi étonnante que profonde. Car Henri BENTÉGEAT, homme de guerre et d’action, est également un homme d’une grande culture. Ayant intensément vécu le métier de militaire, de Saint-Cyr jusqu’aux plus hautes marches du commandement, l’homme a toujours gardé un sens de la poésie dans laquelle il a su puiser les ressources et l’équilibre permettant au guerrier de rester en paix avec lui-même.
Quels que soient la trajectoire des carrières, les fonctions exercées, les niveaux de culture et de conscience, la carrière des armes est surtout une affaire de Vocation. On ne pourra mieux comprendre le sens de ce mot au fil des pages - la transcendance qui lui est consubstantielle -, comme l’on ne pourra s’empêcher de vouloir que cette vocation puisse aussi exister pour d’autres métiers à commencer celui de Professeur. Si les enseignants ont leur noblesse, il ne leur sera cependant jamais demandé de sacrifier physiquement leur existence pour la mission, au même titre que les autres serviteurs de l’État à l’exception des policiers et des pompiers. Comme les soldats, ceux-là ont « un statut particulier dans la multitude de ceux qui servent. »
Le livre du Général BENTÉGEAT entre en résonnance avec celui du Général Éric BONNEMAISON paru la même année (2). Mais alors que ce dernier s’adresse à des élèves-officiers, Henri BENTÉGEAT, lui, parle à l’ensemble de la Nation. Il lui dit ce qu’elle doit à ses soldats pour peu qu’en retour les citoyens que nous sommes, acceptions de comprendre ce qu’est la transcendance. Un livre remarquable donc, d’une réelle hauteur, qui se lira avec l’âme et le coeur.
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