Samedi 14 septembre 2024, le 1^er RIMa fêtera le 40^e anniversaire de son installation au Quartier Fayolle situé dans la ville d’Angoulême. Pour l’occasion, le régiment ouvrira ses portes au grand public de 16.00 à 18.30, et accueillera un rallye de voitures anciennes (Circuit des Remparts).

Ces 40 ans ne doivent pas faire oublier que le 1^er RIMa est une unité bien plus ancienne. Régiment de combat prestigieux, il fait partie des « Quatre grands » et a participé à toutes les guerres que la France a traversées depuis 1822 - date de sa création - d’abord en tant que 1^er RIM (Régiment d’Infanterie de la Marine) puis 1^er RIC (Régiment d’Infanterie Coloniale). Ce n’est qu’en 1958 qu’il devient le 1^er RIMa, et il s’installe à Angoulême le 1^er juillet 1984. Plus récemment, ses soldats ont participé à de nombreuses OPEX dans les Balkans, en Afghanistan et au Mali.

L’actuel 1^er RIMa est plus que jamais un régiment de mêlée, c’est-à-dire un corps de troupe dédié au combat mécanisé, qui se présente comme une unité de cavalerie légère (éclairage, reconnaissance/renseignement, appui) et non d’infanterie pure telle que son appellation pourrait l’indiquer. Aussi sans être de véritables portes ouvertes, ce 14 septembre sera aussi l’occasion pour le grand public de se faire une idée des matériels mis en oeuvre par les Marsouins. Notamment des blindés légers, particulièrement mobiles, mais puissamment armés tel l’EBRC Jaguar qui commence à entrer en service au sein des escadrons du régiment.

L’EBRC Jaguar

L’Engin Blindé de Reconnaissance et de Combat EBRC Jaguar est une des briques de SCORPION (2), l’ambitieux (et coûteux) programme destiné non seulement à moderniser les capacités de combat de l’Armée de Terre mais à structurer et intégrer ces dernières dans le combat collaboratif par l’infovalorisation. Conçu par un consortium rassemblant ARQUUS (anciennement Renault Trucks Defense), THALES et KNDS (anciennement NEXTER Systems), l’EBRC Jaguar remplace à lui seul 3 autres engins désormais dépassés - l’AMX-10 RCR, l’ERC Sagaie et le VAB HOT - tout en élargissant le spectre capacitaire pour une masse au combat de seulement 25 tonnes. Prévu pour évoluer en synergie avec les autres engins blindés du champ de bataille - AMX Leclerc, VBCI, VBMR-L Serval, VBMR Griffon -, l’EBRC Jaguar est un engin de combat collaboratif qui, au sein de la bulle SCORPION, sera également en mesure de "dialoguer" avec les combattants FELIN, les drones, les hélicoptères Tigre, etc.

Doté d’une boite de vitesse automatique, monté sur roues (6x6) pour une plus grande mobilité, se pilotant comme une voiture avec un volant, l’EBRC Jaguar a une autonomie de 800 km. Il est capable de pointe à 90 km/h sur route et de se déplacer en marche arrière à 25 km/h. Le pilote dispose d’un ensemble de caméras pour faire le tour complet d’un engin qui - du fait de son faible poids et de ses dimensions réduites (3) - est aérotransportable par A400M Atlas. Le groupe motopropulseur est situé à l’arrière et - avec une caisse surélevée de 25 cm par rapport à l’AMX 10 RCR - le Jaguar est conçu pour résister aux IED. L’équipage, composé de 3 hommes (1 chef d’engin à droite dans la tourelle, 1 tireur à gauche et 1 pilote en caisse), est protégé par un blindage mécano-soudé renforcé par un blindage modulaire évolutif. L’ensemble permettant de résister à des tirs directs de 14,5 mm (4) mais aussi à des éclats d’obus de 155 mm à 30 m.

Un armement puissant et innovant

Côté armement, l’EBRC Jaguar est conçu autour du couple missile/canon mitrailleur. Sur son côté droit, la tourelle déploie un lanceur érectile tirant 2 missiles. Il s’agit de MMP (Missile Moyenne Portée). Fabriqué par la firme MBDA, le MMP peut engager aussi bien des chars que des bâtiments et des groupes d’infanterie à une portée située entre 160 et 4000 m. Polyvalent, il peut être tiré derrière un obstacle sans vue directe sur l’objectif et en mode fire and forget. Une fois en vol, il peut aussi changer d’objectif.

Le canon mitrailleur du Jaguar est le résultat d’une collaboration franco-britannique (NEXTER et BAE Systems) ayant abouti à un nouveau type de munition : l’obus télescopé. Les munitions dites « télescopées » sont des munitions dont l’ogive n’est plus sertie à l’avant de la douille mais est désormais intégrée dans celle-ci. L’ogive n’est plus à l’extérieur mais à l’intérieur de la charge propulsive. L’intérêt réside dans le raccourcissement sensible de la longueur de la munition ce qui diminue son encombrement, rend non seulement sa manipulation plus facile à l’intérieur de la tourelle mais permet également la conception d’une culasse (ici rotative) plus compacte. Chambré en 40 mm, le 40 CTA (Cased Telescoped Ammunition) a une puissance de feu six fois supérieure à celle d’un chain gun de 25 mm (5) pour l’occupation d’un même volume d’espace. Au final, c’est la conception même de la tourelle de l’EBRC qui bénéficie de cette réduction de l’encombrement général canon/obus. En gagnant ainsi de l’espace d’autres équipements peuvent être ajoutés. Le 40 CTA tire 4 types de munitions différentes au coup par coup ou en rafale de 3.

• Obus flèche : munition antichar
• Obus explosif : munition polyvalente avec une variante chronométrique
• Obus A3B (Anti-Aerial Airburst-tracer) projetant 200 billes de tungstène à 3500 m pour détruire drones et aéronefs
• Obus d’exercice

L’EBRC Jaguar est donc un engin redoutable, capable d’engager tous les types de cibles sur un champ de bataille moderne à commencer par des chars de combat bien plus lourds. Autre avantage du canon 40 CTA : l’arme est capable de pointer en site de -10° à +75°. Sans parler de l’avantage à pouvoir engager facilement un combat anti-aérien, cette amplitude lui ouvre le champ de bataille urbain où il peut tirer sur des étages élevés en surplomb (6), mais aussi les zones montagneuses où il peut engager rapidement des objectifs en ligne de crête. Ajoutons à cela une conduite de tir des plus performantes. Les nombreux avantages du 40 CTA ont finalement conduit NEXTER et THALES à la mise au point d’une version navalisée : le RapidFire.

Nos régiments de mêlée sont donc progressivement équipés de Jaguar avec une prévision de livraison de 110 engins d’ici 2025 et de 138 autres jusqu’en 2035. Le 1^er RIMa qui a commencé à recevoir ses 5 premiers EBRC sera, à terme, articulé en 3 escadrons de combat. Chaque escadron sera constitué de 4 pelotons comprenant chacun 4 EBRC Jaguar et 4 Véhicules Blindés Légers (VBL). Ces derniers seront remplacés dans un proche avenir par des Véhicules Blindés d’Aide à l’Engagement (VBAE) (7).

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1. Cf. L’expression désigne les 4 premiers régiments d’infanterie de marine qui étaient encasernés dans les 4 grands ports du royaume durant la Restauration : Cherbourg, Brest, Rochefort et Toulon.
2. Cf. SCORPION, est l’acronyme de Synergie du Contact Renforcée par la Polyvalence de l’Infovalorisation.
3. Cf. 7, 8 m de long avec le canon.
4. Cf. Le 14,5 x 114 mm est le calibre standard des mitrailleuses lourdes russes.
5. Cf. Les chain gun sont des canons automatiques de conception américaine. Le plus célèbre est le M242 Bushmaster en calibre standard OTAN de 25 x 137 mm. Il équipe plusieurs véhicules de combat d’infanterie : M2 Bradley, LAV-25, VBL III. Le Mk38 en est la version navalisée embarquée sur les bâtiments de l’US Navy.
6. Cf. Le retour d’expérience des équipages blindés russes durant la guerre de Tchétchénie.
7. Cf. Deux prototypes sont actuellement à l’essai : le Hawkei de THALES et le Scarabée d’ARQUUS.

Présentation de l’EBRC Jaguar par le RICM de Poitiers (source - automotomagazine)