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Le Tigre II 233 du Musée des blindés de Saumur
Article mis en ligne le 7 décembre 2024
dernière modification le 15 décembre 2024

par Nghia NGUYEN

(source photographique - motard.de.choc sur Forum D-Day Overlord)

 

Alors que le Tigre I du Musée des blindés de Saumur est en cours de restauration pour devenir, très bientôt, le deuxième Tigre I roulant au monde (1), le Tigre II a fait mouvement le mercredi 4 décembre dernier, quittant le même musée pour se rendre au musée du Bastogne Barracks.

Le 16 décembre prochain sera, en effet, commémoré le 80e anniversaire du début de la bataille des Ardennes. Avec l’opération Herbstnebel, la Wehrmacht lance sa dernière offensive à l’Ouest en cette fin d’année 1944. Contre-offensive désespérée, voulue et jouée sur le mode d’un véritable coup de poker par HITLER, elle engage les dernières ressources du Reich et ne manque pas d’audace - voire d’illusion - à vouloir atteindre la ville et le port d’Anvers.

Les alliés, notamment les Américains qui subirent le choc principal, furent complètement surpris et ce fut un véritable effet de panique qui s’empara de l’ensemble du front Ouest, populations civiles comprises. Cependant, passé l’effet de surprise, le manque de carburant, la résistance acharnée des parachutistes américains dans la poche de Bastogne et, surtout, le retour du beau temps qui permit à l’aviation alliée de revenir dans la bataille, eurent raison de la contre-offensive allemande. Les combats cessèrent en janvier 1945, date à laquelle la Wehrmacht était définitivement brisée à l’Ouest, n’étant plus en mesure d’entreprendre une quelconque action offensive.

La bataille des Ardennes ou Battle of the Bulge (bataille du saillant) pour les Américains ) est la dernière offensive - avec celle du Lac Balaton en Hongrie en mars 1945 - où les Allemands engagent leurs derniers Tigre II Königstiger. Quand on sait que les Panzer II qui franchirent la Meuse en mai 1940 pesait 7 tonnes en ordre de combat, on mesure l’évolution du conflit avec le Tigre II en ces derniers mois de guerre (2). Conçu dès l’été 1942, lancé sur les chaînes de production à partir de novembre 1943 et construit à 492 exemplaires, le Tigre II Königstiger est l’illustration d’un gigantisme en matière d’armement dont les capacités tactiques n’ont en rien changé l’issue stratégique des campagnes et du conflit. Les combats dans lesquels il fut engagé, de la Normandie à l’Allemagne en passant par la Biélorussie, les Ardennes, la Hongrie furent très souvent décevants. Faiblesses mécaniques multiples, sous-motorisation ainsi qu’une très forte consommation en carburant expliquèrent des pannes fréquentes, un entretien contraignant pour les équipages et de nombreux abandons d’engins sur le terrain. Du fait de son blindage, sa masse de 76 tonnes en ordre de combat était aussi impressionnante qu’elle lui imposait de sévères limites en termes de manoeuvre, de mobilité et de logistique.

Le grand avantage du Tigre II résidait dans son canon de 88 mm Kwk 43 L/71 de 71 calibres. Conjugué à l’excellente lunette TZR 9d, ce canon était une arme des plus redoutables. Plus long que le L/56 du Tigre I, il pouvait tirer jusqu’à 10 km de distance, et aucun Sherman ou T-34 n’y résistait à presque 4000 m de distance. En vocabulaire d’artilleur le « calibre » désigne la longueur d’un tube exprimée en fonction de son diamètre. Le Tigre II a ainsi un canon de 88 mm x 71 mm qui lui donne une longueur de 6,24 m... Cette longueur conditionne non seulement la dimension d’une tourelle capable de loger une telle arme et ses munitions, mais aussi la caisse et le groupe motopropulseur qui devra porter l’ensemble. Plus un tube est long plus l’obus ira loin car il bénéficiera d’un temps de compression des gaz plus important. Cela lui donnera également une vitesse initiale plus élevée à la sortie du canon. En d’autres termes, le Tigre II et son canon KwK 43 L/71 ont été spécifiquement conçus pour les combats dans les grandes plaines du front de l’Est (Ukraine et Biélorussie notamment) nonobstant l’encombrement des obus (16 en tourelle) et un problème d’équilibrage de l’arme dans la tourelle. On imaginera la terreur des tankistes américains face à ce monstre mécanisé pourtant engagé en Normandie dans une bataille de bocages à horizon limité et dans les Ardennes sur un terrain forestier et vallonné.

Le Tigre II 233 du bataillon de char lourd 503 (schwere Panzer-Abteilung 503) est, de nos jours, le seul Tigre II en état de fonctionnement au monde. Conservé au Musée des blindés de Saumur, c’est un engin composite qui a été entièrement reconstitué à partir de deux autres Tigre II : la caisse du char 123 de la 1re compagnie de la schwere Panzer-Abteiulung 101 et la tourelle du char 300 de la 3e compagnie de la schwere Panzer-Abteilung 503. La tourelle du Tigre II 233 est du deuxième modèle dit "tourelle de production" ou "de série". Reconnaissable à son mantelet aplati, elle a été fabriquée par Krupp au même titre que le canon de 88 mm KwK 43 L/71. Le châssis fabriqué par la firme Henschel porte encore le revêtement antimagnétique Zimmerit.

Le Bastogne Barracks où se rend le Tigre II 233 se situe dans la ville de Bastogne en Belgique (3). C’est effectivement entre Belgique et Luxembourg que s’est situé le centre de gravité de la confrontation. Dans cette région se trouvent nombre de petits musées locaux qui - comme en Normandie - relatent la grande bataille. À La Gleize (commune de Stoumont) on trouvera encore un Tigre II exposé en plein air. Vestige de la colonne du SS-Sturmbannführer Joachim PEIPER, il n’est cependant plus en état de marche contrairement à celui du Musée de Saumur.

_______________

  1. Cf. Le premier Tigre I en état de marche se trouve au Tank Museum de Bovington (Grande-Bretagne).
  2. Cf. PzKpfw VI Tiger II. Le roi déchu, Chars de combat & engins blindés, 39, Hachette, 2024, 64 p.
  3. Cf. Le Tigre II 233 a été également sollicité pour la commémoration du 80e anniversaire de la bataille de Normandie l’été dernier. À cette occasion, il a été repeint sous le numéro 300 qui était commandé par le Hauptmann Walter SCHERF.

 

 

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