La résilience est la « caractéristique mécanique définissant la résistance aux chocs des matériaux ». Par extension, elle désigne la capacité des institutions, des entreprises et des systèmes à assurer un fonctionnement en dépit de crises, de déstabilisations ou de pannes. Nous devons cette extension au neuropsychiatre et psychanalyste Boris CYRULNIK (1937-) qui a d’abord appliqué cette capacité aux individus en décrivant et en expliquant l’aptitude d’une personne à se reconstruire après avoir vécu un événement traumatique.
L’élargissement de la notion à l’ensemble des individus composant la société est la problématique fondamentale de l’Éducation à la Défense. Au-delà de ses usages officiels – souvent réducteurs – dans la sphère des institutions et des systèmes de défense, la résilience demeure avant tout la colonne vertébrale de l’Esprit de défense. Sans elle, il ne peut y avoir d’Esprit de défense et poser la question de l’Esprit de défense revient à examiner ce qui fait ou non la résilience de la société.
L’Esprit de défense étant la conscience collective des risques et des menaces qui pèsent sur la société - et avec elle les conclusions à en tirer -, la résilience ne peut véritablement être auscultée aux niveaux des organisations (État, armées, entreprises…) qui ne sont que des moyens. C’est, en fait, dans les entrailles même d’une société qu’elle se révèle fondamentalement : la conception de l’Homme, de la Femme, de l’Enfant, de la Famille, la dimension du sacré, la perception de la vie et de la mort, la définition du Bien commun et la valeur du sacrifice… Partant, c’est essentiellement dans la confrontation des idées du temps quant à la manière dont notre société se vit et définit ce qui mérite ou pas d’être défendu, que l’on pourra étalonner l’échelle de la Résilience.
À la manière d’une réflexion vivante, libre et toujours ouverte, cette rubrique se fera l’écho des débats philosophiques et politiques contemporains qui participent à la construction et au renforcement de la Résilience. Partant, elle s’intéressera également aux idéologies mortifères qui minent et dissolvent la volonté commune de nous défendre. Par les enjeux philosophiques et spirituels profonds qu’elle soulève, la Résilience n’est en rien un acquis. Fille de l’Esprit de Défense, elle en est la première des luttes, la plus fondamentale, enjeu permanent d’un affrontement idéologique et moral entre conscience identitaire et haine de soi.